L'Opus Dei face à la justice

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avec AFP , modifié à
L'organisation catholique est accusée par une ancienne membre pour travail dissimulé.

Un simple procès pour travail dissimulé permettra-t-il de montrer au grand jour les dérives sectaires de l'Opus Dei ? C'est ce que les adversaires de cette puissante organisation catholique espèrent du procès qui s'est ouvert jeudi à Paris. Le tribunal correctionnel examine un dossier pour lequel sont renvoyés deux membres de l'Opus Dei et de l'association de culture universitaire et technique (ACUT). Ils comparaissent pour rétribution contraire à la dignité et travail dissimulé.

A l'origine de cette procédure, Catherine, entrée à l'Opus Dei sans le savoir en 1985. A 14 ans, la jeune fille est dirigée vers l'école technique privée d'hôtellerie Dosnon, dans l'Aisne, qui dépend de l'ACUT. C'est là, dit-elle, qu'elle a intégré l'organisation, à peine sortie du collège.

"Interdiction d'en parler aux parents"

"On m'a confiée à une 'préceptrice', qui était en fait une 'directrice de conscience'. Ils m'ont amenée à pratiquer, il y avait interdiction d'en parler aux parents", raconte-t-elle. Deux ans plus tard, en 1987, on l'oblige à faire ses voeux : obéissance, pauvreté et chasteté. Elle devient "numéraire auxiliaire", "chargée des tâches domestiques".

Selon son avocat, la jeune femme enchaîne ensuite durant treize années des contrats de travail au sein d'organismes ou d'associations qui "dépendaient exlusivement de l'Opus Dei". Catherine dit avoir nettoyé, rangé et servi tous les jours de 7h à 21h, sept jours sur sept, sans jamais prendre de vacances ni être correctement rétribuée.

Si un salaire lui était bien versé, ses directeurs lui auraient demandé de leur signer des chèques en blanc, qu'ils remplissaient par la suite pour, disaient-ils, récupérer des frais d'hébergement ou de librairie.

Neuroleptiques et tranquilisants pendant des années

Durant toutes ces années, Catherine n'a jamais été libre. Quoi qu'elle faisait, où qu'elle allait, la jeune femme devait être accompagnée d'un membre de l'Oeuvre, même chez le médecin. Systématiquement, on la faisait consulter dans les Yvelines, par un praticien opusien qui lui prescrivait neuroleptiques et tranquilisants.

En 2001, ses parents ont récupéré Catherine dans un état de délabrement total. Elle ne pesait plus que 39 kilos. Il lui a fallu deux ans et demi pour se remettre sur pied. Dans la plainte déposée fin 2001, son avocat a dénoncé "une manipulation mentale", des "conditions de travail abrutissantes" et une "situation de dépendance économique".

Pour l'Opus Dei, "l'insistance de l'accusation à vouloir (la) présenter comme une institution fermée et secrète, voire sectaire, n'a pas de sens. Cela ne peut résister au 'choc de la réalité'", et à "l'expérience commune des milliers de personnes à travers le monde (...) épanouies et libres" au sein de l'Oeuvre.