Les mineurs jouent de plus en plus aux jeux d'argent 1:21
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Louise Sallé
Commandée par l'Autorité nationale des jeux (ANJ) à l'association Sedap (Société d'entraide et d'action psychologique), une étude révèle que 34,8% des 15-17 ans étaient joueurs en 2021. Une pratique, illégale, qui n’est pas sans risque sur la santé mentale et qui est sans doute alimentée par des publicités qui visent les adolescents.

C’est une enquête inédite, la première en France qui analyse le comportement des mineurs face aux jeux d’argent et de hasard. Commandée par l'Autorité nationale des jeux (ANJ) à l'association Sedap (Société d'entraide et d'action psychologique), elle révèle que 34,8% des 15-17 ans étaient joueurs en 2021, malgré l'interdiction de vente de ces jeux aux mineurs dans les bureaux de tabac et sur internet.

Pour Emmanuel Benoît, directeur de la Société d’entraide et d’action psychologique spécialisée dans les addictions, ce chiffre s’explique, entre autres, par la publicité. Des célébrités et influenceurs communiquent massivement sur les réseaux sociaux et des footballeurs connus figurent dans des spots publicitaires pour paris sportifs.

Une stratégie publicitaire d’identification

Emmanuel Benoît analyse, par exemple, une campagne de publicité à la télévision dans laquelle un jeune est porté en triomphe devant une foule qui se prosterne à ses pieds, comme dans le Roi Lion, parce qu’il a gagné de l’argent : "Ça cible des personnes qui vont s’identifier à la fois à la victoire, à la fois au gain. Et cette identification amène les jeunes à se dire 'pourquoi pas moi'", commente-t-il.

Par ailleurs, ce sont les parents qui offrent à leurs enfants les premiers tickets à gratter. Près de la moitié des adolescents joueurs, indique l’enquête, pratiquent cette activité avec leur mère. Un tiers des 15-17 ans qui jouent, enfin, développent, beaucoup plus rapidement que les adultes, des comportements à risques. La part des joueurs dits "problématiques" a ainsi triplé par rapport à 2014.

Absentéisme scolaire et isolement social

"Un gain va donner envie au jeune de le reproduire. L’adolescent va ensuite commencer à perdre de l’argent, il peut s’endetter jusqu’à hauteur de 300 euros auprès de ses camarades de classe ! On a étudié plusieurs cas comme ça dans notre enquête", explique Emmanuel Benoît. "Quand il y a trop de dettes, c’est l’absentéisme scolaire et l’isolement social, puis des malversations comme le vol, pour se procurer à tout prix de l’argent afin d’éponger les dettes", poursuit-il.

La Société d’Action Psychologique préconise d’intégrer des programmes de prévention au lycée et d’encadrer la publicité. L’Autorité nationale des jeux devrait rendre prochainement un avis sur ce sujet.