"Je voulais faire mal" à Typhaine

La mère de Typhaine, jugée pour homicide volontaire, a commencé à s'expliquer mardi.
La mère de Typhaine, jugée pour homicide volontaire, a commencé à s'expliquer mardi. © MAXPPP
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avec AFP , modifié à
LA PHRASE - La mère de la fillette, jugée pour homicide volontaire, a commencé à s'expliquer.

Le témoignage. Anne-Sophie Faucheur, la mère de Typhaine, a commencé à raconter mardi devant la cour d'assises du Nord les sévices infligés à la fillette de 5 ans jusqu'à sa mort en juin 2009. Les punitions et privations de repas, peu après l'enlèvement de la fillette à la sortie de l'école fin janvier 2009, se muent vite en coups, de plus en plus fréquents et violents, relate à la barre la jeune femme de 26 ans.

L'engrenage infernal. "Ça commence pour rien, je ne sais même plus pourquoi ça a commencé. Parfois, elle avait le regard dur, j'étais persuadée qu'elle me regardait méchamment. Je n'avais pas l'impression d'être sa mère, il n'y a pas le lien", tente de justifier Anne-Sophie Faucheur. "Je pensais que c'était elle qui me provoquait, je voulais lui faire mal", déclare encore la mère de la fillette.

Son compagnon, Nicolas Willot, "commence à taper" la fillette "en mai" : des fessées, des coups de pied aux fesses et des tapes sur les mains, "mais jamais de gifles car son visage c'était important", affirme-t-il. Un mois avant sa mort, Typhaine est frappée "quasiment chaque jour", porte des "bleus" sur le corps, selon sa mère. Elle est vue pour la dernière fois par une voisine le 20 mai.

Le jour du drame. Le soir de la mort de Typhaine, dont Anne-Sophie Faucheur ne se rappelle pas la date avec exactitude et qui est fixé au 10 ou au 11 juin, la petite fille "n'arrivait pas à dormir et marchait dans la chambre". Une attitude qui a "exaspéré" sa mère. "La série de coups" commence : fessées, gifles, coups de poing, de pied. "Ça a été très fort", admet l'accusée.

"Puis, j'ai été mettre une paire de baskets et je l'ai frappée au niveau du ventre. Elle est au sol, elle a du mal à marcher. Je ne me souviens plus, mais elle doit pleurer", poursuit Anne-Sophie Faucheur, alors que plusieurs membres de la famille paternelle de Typhaine, sous le choc, sortent de la salle.  Nicolas Willot, de son côté, explique clairement, presque froidement, avoir "maintenue [Typhaine] par les aisselles pendant qu'Anne-Sophie lui porte des coups pour pas qu'elle tombe par terre".

La douche froide. Les coups sont suivis d'une "longue douche froide" pour "calmer" Typhaine, qui finit par émettre "un râle" avant de s'effondrer dans le bac de douche, racontent les accusés. "J'ai essayé de la ranimer, j'ai pas su", lâche Nicolas Willot, pompier volontaire. Par "peur de la prison" et de "perdre les autres enfants" - Caroline, la première fille d'Anne-Sophie Faucheur, et Apolline -, il dissimule le corps de Typhaine à la cave, nu, sur un sac plastique.

La question du procureur. "C'est un acharnement qui ne peut s'expliquer que par une volonté d'en finir. Vous vous dites 'Je vais aller mettre des baskets et je reviens pour la frapper' et vous vous étonnez qu'on vous reproche un meurtre madame ?", demande l'avocat général, Luc Frémiot. Les deux accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité. Le verdict est attendu vendredi.