Guantanamo : Wikileaks s'invite au procès

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avec Fabienne Le Moal et AFP , modifié à
Des télégrammes révèlent que les juges informaient l'ambassade américaine pendant l’instruction.

Les juges ont clairement instruit à charge contre cinq ex-détenus de Guantanamo, rejugés devant la cour d’appel de Paris. C’est l’argument invoqué par la défense, jeudi, et qui est venu "pimenter" une audience qui s’annonçait sans révélations, les cinq principaux prévenus ayant décidé de ne pas se déplacer. Aujourd'hui âgés de 30 à 44 ans, Brahim Yadel, Mourad Benchellali, Nizar Sassi, Khaled Ben Mustapha et Redouane Khalid n'avaient déjà pas assisté à leur procès en appel en 2009.

L’ambassade informée de l’avancée du dossier

Jeudi, à l’ouverture de l’audience, leurs avocats ont demandé le versement au dossier de documents potentiellement explosifs : des dépêches de l'ambassade des Etats-Unis à Paris, révélées fin 2010 par Wikileaks. Ces télégrammes diplomatiques relatent que les juges d'instruction chargés de l'enquête, Jean-François Ricard et Jean-Louis Bruguière, informaient régulièrement l'ambassade américaine à Washington des avancées du dossier et des arrestations en cours.

Pour la défense, c’est bien la preuve d’une instruction à charge. Ce qui est contraire au rôle du juge d’instruction, qui est chargée, dans tout dossier, d’instruire à charge et à décharge.

Le parquet réfute l’argumentaire de la défense

"Effectivement des liens ont été tissés entre les juges d'instruction et les autorités américaines", a reconnu l'avocat général Julien Eyraud dans son réquisitoire, mais a-t-il nuancé, les magistrats français n'ont sollicité aucune instruction des Etats-Unis. Et le parquet de demander la confirmation des condamnations prononcées en 2007 contre les cinq hommes, jugés coupables d'avoir rejoint entre 2000 et 2001 l'Afghanistan avec des visées jihadistes. Plaidoiries de la défense, vendredi.