Greenpeace s'introduit dans une centrale

Un militant écologiste a réussi à se poser en plein milieu de la centrale nucléaire de Bugey, dans l'Ain.
Un militant écologiste a réussi à se poser en plein milieu de la centrale nucléaire de Bugey, dans l'Ain. © I-TÉLÉ
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L’ONG écologiste a réussi à se poser sur la centrale de Bugey pour pointer le manque de sécurité.

L'ONG écologiste Greenpeace a réalisé une nouvelle opération-surprise pour dénoncer le manque de sécurité des centrales nucléaires françaises. Un militant a réussi à survoler la centrale nucléaire de Bugey, dans l'Ain, avant de lâcher un fumigène sur la centrale et d’atterrir en parachute sur le site.

A cette occasion, l'organisation publie sur son site une étude concernant la vulnérabilité des 58 réacteurs français et des bâtiments abritant les piscines de refroidissement des combustibles irradiés à la chute d'un avion de ligne, un risque qui n'est selon elle pas pris en compte. La sûreté des installations "n'a à aucun moment été remise en cause" au Bugey, a répliqué EDF mercredi matin.

"Le survol des installations #nucléaires est possible"

"Ce matin Greenpeace a survolé la centrale du Bugey pour illustrer la vulnérabilité des installations à la menace aérienne", a confirmé l'ONG mercredi matin sur son compte Twitter. "Bugey ce matin, la Hague juste avant ... le survol des installations #nucléaires est possible et dangereux !", a renchéri l’ONG, avant de mettre en ligne une photographie de son opération coup de poing.

"Ce survol illustre la vulnérabilité des sites nucléaires français face à la menace d’une attaque aérienne. Alors que l’Allemagne a pris en compte la chute d’avion dans ses tests de sûreté, la France refuse toujours d’analyser ce risque pour nos centrales !", dénonce Greenpeace dans un communiqué publié sur son site internet.

Deux hommes interpellés

Le militant écologiste qui a survolé la centrale a été interpellé dans la foulée par les gendarmes du Peloton de Sécurité et de Protection de la Gendarmerie (PSPG), chargés de la sécurité des installations nucléaire, selon les informations obtenues par Europe 1. Il s'agit d'un Allemand de 29 ans, militant de Greenpeace.

L’opération a failli mal tourner car à cause des turbulences provoquées par les cheminées de la centrale, la voile du paramoteur s’est mise en torche, obligeant le jeune homme à se poser en catastrophe. Huit minutes après avoir été repéré en vol, le militant de Greenpeace a été interpellé par les gendarmes. A l’extérieur de la centrale, un deuxième homme a été arrêté. Il s’agit d’un autre militant de Greenpeace, un Français de 32 ans, qui est soupçonné d’avoir guidé le premier homme depuis le sol. Ils ont tous les deux été placés en garde à vue.

"La rapidité de l'intervention des services de sécurité a démontré l'efficacité et la pertinence du dispositif de protection mis en place", s'est félicitée la direction générale de la gendarmerie nationale.

"Greenpeace n'a rien démontré"

Le directeur de la centrale du Bugey, Alain Litaudon, s'est défendu, affirmant que "Greenpeace n'a rien démontré" en termes de failles mais au contraire montré que le "dispositif de protection est efficace". "L'interpellation a eu lieu en huit minutes" après la détection, a-t-il souligné lors d'une conférence de presse, jugeant que "l'événement de ce matin démontre très clairement que notre dispositif est efficace".

EDF en a profité pour affirmer avoir empêché il y a peu une autre opération de Greenpeace. "Il y a une dizaine de jours, nous avons été informés d'une menace d'intervention massive de Greenpeace sur deux sites du nord de la France", a dévoilé Dominique Minière, directeur du parc nucléaire d'EDF. "Sur ces sites là, puisque nous étions informés, nous avons pu mettre en place des mesures qui ont dissuadé Greenpeace d'intervenir, alors qu'ils avaient mobilisé visiblement des moyens importants" et "étaient prêts à intervenir", a-t-il précisé.

La sécurité des centrales nucléaires, nouveau cheval de bataille

"L'objectif de cette action est d'adresser un message aux deux candidats à l'élection présidentielle qui nient le risque du nucléaire. On voulait illustrer une agression externe, type chute d'avion", a précisé Sophia Majnoni, chargée des questions nucléaires à Greenpeace France.

Depuis la catastrophe nucléaire de Fukushima, début 2011 au Japon, les associations environnementales ont fait de la sécurité des installations nucléaires une de leurs priorités. Le 5 décembre 2011, les militants de l'ONG étaient parvenus à entrer dans deux centrales, à Nogent-sur-Seine et Cruas, en Ardèche, déjouant la surveillance des gendarmes pendant près de 14 heures. Des opérations similaires avaient été menées dans le même temps sur d'autres sites, au Blayais, en Gironde, à Chinon, en Indre-et-Loire, et au centre de recherches nucléaires de Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône.