Fadettes: Courroye mis en examen

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avec agences , modifié à
Le procureur, inculpé dans l’affaire des écoutes de journalistes du Monde, conteste.

L’implication du procureur de Nanterre, Philippe Courroye, dans l’affaire des fadettes se précise. Ce proche de Nicolas Sarkozy a été mis en examen mardi après-midi dans l'affaire des écoutes illégales de deux journalistes du Monde.

Philippe Courroye  a été mis en examen par la juge parisienne Sylvia Zimmermann, pour "collecte illicite de données à caractère personnel par un moyen frauduleux déloyal et illicite" et pour "violation du secret des correspondances", selon ce communiqué.

Une demande d’annulation déposée

Ce proche de Nicolas Sarkozy "conteste vigoureusement sur la forme et sur le fond" cette mise en examen. Il a donc déposé une demande d'annulation de la procédure et de sa mise en examen. "Deux recours ont été immédiatement déposés auprès de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris à l'encontre de cette mise en examen qu'il conteste vigoureusement sur la forme et sur le fond", a dit le procureur dans le communiqué.

"Cette mise en examen est, au regard du fonctionnement de la Justice, d'une extrême gravité puisqu'elle touche au pouvoir d'enquête du procureur de la République, mission qu'il exerce, aux termes de la loi, au service de l'intérêt général", a ajouté Philippe Courroye.

"Cette mise en examen constitue un fait sans précédent et d'une gravité tout à fait particulière" réagit l'avocat du Monde François Saint-Pierre, contacté par Le Nouvel Observateur. "C'est le début d'une bataille", a ajouté Me Saint-Pierre, avant de poursuivre : "Ce procès démarre. (...) Nous sommes déterminés à faire juger que le procureur s'est rendu coupable des infractions pour lesquelles il a été mis en examen."

L’implication de Courroye en question

Le procureur de la République est soupçonné d'avoir tenté de découvrir qui informait illégalement en 2010 des journalistes du quotidien travaillant sur l'affaire Bettencourt, en réclamant leurs factures téléphoniques détaillées. Le Monde avait d'ailleurs porté plainte contre Philippe Courroye.

Selon le journal, l’Inspection Générale des Services (IGS) aurait ainsi constitué un dossier de 700 pages. Dans ce dernier, figureraient les informations qu’aurait recueilli l’IGS sur les contacts téléphoniques des deux journalistes : appel et durée, SMS, adresses postales et parfois même comptes bancaires de leurs parents, amis et autres contacts. Selon un arrêt de la Cour de cassation, rendu public en décembre, Philippe Courroye a bien bafoué les libertés des journalistes du Monde.

Figure de la magistrature, Philippe Courroye est la seconde personnalité mise en cause dans les affaires de "fadettes" de journalistes, après le patron de la Direction centrale du renseignement intérieur Bernard Squarcini. Il a cependant assuré qu'il ne cèderait pas sa place dans la tempête. "La question de ma démission ne se pose pas. Je peux vous annoncer que le 25 avril 2014 je ne serai plus le procureur de Nanterre car je serai atteint par la règle des sept ans!", a-t-il ironisé.

"Je vais continuer à travailler comme je l'ai toujours fait", a insisté le magistrat, dont la mise en examen n'a pas été assortie d'un contrôle judiciaire.