Emploi : quelles marges de manœuvre ?

La CGT, reçut à Matignon lors d'un sommet social par Jean-Marc Ayrault, transmet mardi à l'exécutif une liste noire de 46 entreprises menacées, soit 45.000 emplois.
La CGT, reçut à Matignon lors d'un sommet social par Jean-Marc Ayrault, transmet mardi à l'exécutif une liste noire de 46 entreprises menacées, soit 45.000 emplois. © REUTERS
  • Copié
, modifié à
Un sommet social est en cours à Matignon, pour lutter notamment contre les plans sociaux.

"Je ne laisserai pas faire ce cortège de plan sociaux. Il y aura des responsabilités à prendre au sommet des entreprises." Cette promesse est celle du candidat socialiste à la présidentielle François Hollande, le 25 avril dernier. Désormais président, il se retrouve devant le fait accompli. La CGT, reçu mardi par le gouvernement, lui transmet une liste noire recensant 45.000 emplois menacés. Pourra-t-il tenir ses promesses? Europe1.fr fait le point sur les marges de manœuvre dont il dispose.

Grande conférence sociale du 14 juillet. Le premier sommet social du gouvernement Ayrault se tient mardi à Matignon. Le Premier ministre, accompagné de Marisol Touraine , ministre des Affaires sociales, Arnaud Montebourg, au Redressement productif, Michel Sapin, ministre du Travail et Marylise Lebranchu à la Fonction publique, reçoit les partenaires sociaux à tour de rôle, pour préparer un grand sommet social prévu  mi-juillet.

François Hollande y a donné rendez-vous aux syndicats et au patronat, pour une "grande conférence nationale sur la croissance et l'emploi". L'idée est de parvenir, par des négociations, à limiter les plans sociaux.

La négociation suffira-t-elle? L'Etat peut directement faire pression sur des entreprises comme EDF, la SCNCF, Aéroport de Paris ou Areva, dont il est actionnaire majoritaire. Mais en dehors de celles-ci, le gouvernement dispose de peu de moyens d'influence.

"Nous allons ouvrir des discussions tous azimuts avec les dirigeants des entreprises qui menacent de fermer les portes de certains de leurs sites en France, a déclaré il y a deux semaines Arnaud Montebourg, prudent.  Il se peut que nous encaissions des échecs, mais nous le ferons aux côtés des salariés et des territoires. Nous souhaitons ouvrir une discussion ferme avec les dirigeants de ces groupes, aux côtés des salariés, pour maintenir l'outil de travail en France."

Mais rien ne dit actuellement que les dirigeants ne feront pas la sourde oreille.  

Quels outils propose François Hollande? Le président élu a promis pendant sa campagne plusieurs mesures, comme l'interdiction des fermetures de sites quand ceux-ci ont un repreneur. Mais cela exclut de nombreuses entreprises, comme Arcelor Mittal, Petroplus ou General Motors.

Le candidat socialiste promettait également d'augmenter le coût des licenciements collectifs, dans les entreprises qui versent des dividendes à leurs actionnaires. Une mesure dissuasive, mais qui risque de ne pas être suffisante. Les entreprises qui ferment leurs sites délocalisent souvent dans des pays où la fiscalité et le coût du travail sont moins élevés qu'en France. Augmenter le coût des licenciements risque de ne pas suffire à les empêcher d'aller chercher la rentabilité ailleurs.

Que proposent les syndicats? Selon la CGT, il faut multiplier par cinq les financements du chômage partiel, renforcer les droits des salariés dans les conseils d’administration, mettre en place un "droit de préemption" à la reprise d’entreprises en difficulté ou encore restructurer l’appareil industriel dans le cadre d'un plan de transition énergétique.

"L'emploi est le problème numéro un, a également réagi mardi matin sur Europe1 le leader de la CFDT François Chérèque. Je propose qu'on remette en place une mission interministérielle pour les mutations économiques. A chaque fois qu'il y a un problème, on réunit les ministères, les organisations syndicales, le patronat et les collectivités territoriales. Dès qu'on met les gens autour d'une table, on commence à trouver des solutions."

Invité de BFM TV il y a une semaine, Jean-Claude Mailly, le leader de FO, voit lui dans les mesures de campagne de François Hollande des pistes "envisageables". Mais lui souhaiterait aller plus loin : "On pourrait imaginer que l'État entre dans le capital de certaines entreprises", soutient-il par exemple, utilisant l'expression de "nationalisation partielle".

Et les patrons? La patronne du Medef Laurence Parisot appelle le gouvernement à réduire les charges des entreprises. "Il y a longtemps que nous-mêmes, entrepreneurs, Medef, alertons sur les pertes de compétitivité de notre économie, a-t-elle martelé dimanche sur RTL. Lutter contre les licenciements, c’est d’abord favoriser l’embauche. Et donc éviter toute mesure économique et sociale qui freine les embauches."

Dans son viseur : la hausse de 0,1 point par an pendant le quinquennat Hollande des cotisations sociales salariales et patronales, prévue pour financer la future réforme des retraites.

Comment relancer la croissance? Pour François Hollande, la relance de l'emploi passe avant tout par une relance de la croissance. Sur le plan français, il prévoit ainsi de créer une banque publique d'investissement qui "accompagnera le développement des entreprises stratégiques."  L'idée : regrouper les dispositifs existant, pour faciliter le financement des PME ou des énergies renouvelables par exemple.

En Europe, le président Français s'active pour un plan de relance européen, comprenant notamment la création d'eurobonds, une réforme de la BCE ou encore de la Banque européenne d’investissement.

François Hollande prévenait d'ailleurs pendant la campagne : "Mon programme ne tiendra pas si la croissance n'est pas au rendez-vous".