David Sagno, "un mur sans humeur"

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avec Fabienne Lemoal et AFP , modifié à
Le profil du meurtrier présumé de deux femmes au Pont de Neuilly a été au cœur des débats.

Abruti par les neuroleptiques, David Sagno a retracé lors de la première journée de son procès, lundi, devant les assises des Hauts-de-Seine, ce qui l'a conduit à revendiquer en 2008 les meurtres de deux femmes au Pont de Neuilly-sur-Seine. Il s’est dénoncé lui-même, ce qui a ainsi permis de disculper Marc Machin, condamné à 18 ans de réclusion pour l'un des deux meurtres.

Un père violent

Septième d'une famille de neuf enfants, il a raconté à la barre les disputes conjugales fréquentes de ses parents, dont l'une conduira à l'agression violente de sa mère par son père polygame et absent. Sa voix est monocorde, le discours clair et précis mais son regard est vide. "J'étais renfermé sur moi-même et à 16 ans, j'ai commencé à boire. A 17 ans, j'ai fait mon premier coma éthylique", a expliqué David Sagno, âgé aujourd’hui de 37 ans.

Ses soeurs interrogées l’ont décrit comme un enfant "mal-aimé", considéré comme "retardé". Il "est malade s'il n'est pas fou", a résumé à son tour son avocat Me Bérenger Tourné, qui l’a dépeint comme "un mur sans humeur".

"Une logique de rédemption"

Lorsqu'il pousse en 2008 la porte du commissariat de La Défense pour revendiquer deux meurtres - celui de Marie-Agnès Bedot en décembre 2001 et celui de Maria-Judith Araujo en 2002 -, les policiers sont frappés par l'extrême précision et l'horreur des détails dont il a encore mémoire. D'autant que pour le premier meurtre, Marc Machin est en prison depuis près de sept ans.

A l’époque, David Sagno ne sait pas qu'un homme est en prison pour l'un des meurtres qu'il revendique. Il était "venu dans une logique mystique de rédemption", a expliqué son avocat. Un expert parle de "remords" et de "peur de recommencer".

Mardi, David Sagno sera confronté à celui qu’il a innocenté, Marc Machin.