Coca-Cola : "des conséquences" à prévoir

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Aurélie Frex avec Nathalie Chevance et AFP , modifié à
REACTIONS - Suite au gel d’investissements en France, ouvriers et élus locaux s’inquiètent.

C’est une annonce au goût amer. Jeudi, le géant américain Coca-Cola a annoncé la suspension d’un investissement de 17 millions d’euros en France, en réponse au projet de taxe sur les sodas, annoncé fin août. Conséquence directe : la modernisation de la ligne de production de Pennes-Mirabeau, dans les Bouches-du-Rhône, a été réévaluée.

Avertis dans la matinée par leur directeur, les 203 employés du site ne devraient toutefois pas être concernés. Cela ne les empêche pas de s’inquiéter. "Quand on nous annonce une nouvelle comme ça, forcément on sait qu’il va y avoir des conséquences derrière", a affirmé Christophe, 15 ans de maison, au micro d’Europe 1.

Celui qui dit en vouloir "à l’Etat" exprime sa désolation : "c’est eux (les responsables politiques, ndlr) qui taxent les entreprises, et elles répercutent sur les ouvriers. C’est nous qui prenons tout, c’est une taxe pour prendre l’argent, c’est tout".

"Du chantage"

Alors que cet employé défend son entreprise, du côté des élus locaux, c’est la levée de boucliers contre le géant américain de l’agroalimentaire. Valérie Boyer, députée UMP des Bouches-du-Rhône, a exprimé sa colère après la décision de Coca-Cola. "Je suis absolument choquée et scandalisée par la façon dont Coca-Cola réagit", a-t-elle dit, estimant que "c'est vraiment du chantage".

"Rien n'empêche cette entreprise de faire des efforts sur des boissons non sucrées qui font aussi partie de ses ventes", a ajouté la députée, qui s'est dite favorable à ce que les boissons light soient taxées différemment.

L’auteur du rapport parlementaire sur la relance de la compétitivité de l’agriculture, qui avait proposé l’idée d’une taxe soda, reprise par le gouvernement, a lui aussi réagi de façon virulente. Le député UMP des Bouches-du-Rhône Bernard Reynès s'est déclaré "bien conscient que (son) rapport parlementaire proposant une TVA à 19,6% sur les boissons gazeuses ou à sucres ajoutés ait été un pavé dans la mare !". Il a ajouté : "pour autant, je trouve ce chantage inacceptable !"

De son côté, le ministère du Budget a jugé "regrettable en termes économiques" la décision de Coca-Cola, et a rejeté le fait qu'elle puisse être liée à la nouvelle taxe. "Cette taxe d'un centime ne met pas en danger cette industrie", a jugé Bercy, ajoutant que la mesure était "motivée par un objectif de santé public".

Des soutiens pour Coca

Coca-Cola, fleuron de l’industrie agroalimentaire, ne devrait pas être la seule entreprise à réagir négativement au projet de taxe sur les sodas. Le président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania), Jean-René Buisson, a dit "comprendre" cette décision et il s'attend à d'autres actions de producteurs de boissons sucrées. Un conseil d'administration extraordinaire de l'Ania est prévu vendredi pour examiner les suites à donner.

Autre soutien recherché par Coca-Cola : celui des clients. Pour appuyer sa démarche, l’entreprise fait appel aux consommateurs en se lançant dans du "lobbying 2.0" sur Internet, à travers un compte Twitter baptisé "@AntiTaxeSoda".