Clichy-sous-Bois, cinq ans après

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avec Emilie Denêtre , modifié à
REPORTAGE - Un reporter d’Europe 1 s’est immergé à Clichy, symbole des émeutes en 2005.

C’est là que tout avait démarré, il y a cinq ans. Le 27 octobre 2005, deux adolescents de Clichy-sous-Bois, Zyed et Bouna, trouvaient la mort, électrocutés, dans un transformateur EDF en essayant de fuir la police. S’ensuivront trois semaines d’émeutes sur fond d’affrontements avec la police et de ras-le-bol de la misère sociale des quartiers. Face à l’embrasement des cités, le gouvernement décrétera l’état d’urgence, le 9 novembre.

Vitrine et envers du décor

Deux ans plus tard, Nicolas Sarkozy promettait un "plan Marshall" au profit des banlieues. Sur le papier, de quoi améliorer la vie quotidienne dans les cités. Un milliard d’euros de fonds. Des contrats d'autonomie pour 100.000 jeunes. Le désenclavement des quartiers grâce aux transports en commun. Surtout, la volonté de changer le quartier physiquement, grâce au programme national de rénovation urbaine (PNRU) pour rompre la spirale des violences.

Cinq ans après, Emilie Denêtre, journaliste à Europe 1, est retournée à Clichy-sous-Bois. Elle a passé plusieurs jours dans la cité. Avec un objectif : s’immerger dans la ville de Seine-Saint-Denis.

Depuis les émeutes de 2005, Clichy-sous-Bois a changé. A chaque coin de rue, des chantiers en cours, des petits immeubles d'habitations en train de sortir de terre. On trouve aussi un nouveau commissariat flambant neuf, planté au beau milieu d'une des cités de la ville. Tout un symbole.

Le chômage, gangrène des quartiers

Mais, quand on rentre à l’intérieur des quartiers, rien n’a vraiment changé. Des barres et des tours sales. Des halls taggés. Des poubelles qui débordent. Et des rats, tellement gros que les habitants les surnomment "les lièvres".

Marouanne a 10 ans. Avec ses mots d'enfants, il raconte sa vie dans sa cité.

"J’aimerais faire Jacques Mesrine plus tard" confie t-il :

Cinq ans après, Clichy-sous-Bois est toujours l’une des villes les plus pauvres de France. Dans certains quartiers, le chômage frôle les 50 %. La journaliste d’Europe 1 Emilie Denêtre a rencontré Karim, Rachid et Amaury. Ils ont entre 17 et 20 ans et habitent dans la cité des Bois du temple. Ils racontent l'école lâchée très tôt et leurs boulots au kebab ou à la pizzéria du coin. Surtout, ils parlent de cette étiquette de "voyou" qui leur colle à la peau parce qu'ils vivent à Clichy.

"On n’a pas fait les émeutes comme ça !" :

Mariam Cissé, elle, refuse de devenir désabusée. Cette jeune femme est la cousine de Bouna Traoré, l'un des deux ados morts dans le transformateur EDF. Aujourd’hui, elle ne veut pas déménager. Et espère voir "changer la ville dans laquelle elle a grandi".