Ça ne va pas mieux chez France Télécom

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Europe1.fr (avec AFP) , modifié à
Selon un rapport, "la crise dure encore", mais une dynamique forte de renouveau est née.

Le bilan n’est pas brillant. Le cabinet d'expertise Technologia a souligné vendredi "la profondeur de la crise à France Télécom ", dans son rapport final sur la souffrance au travail dans le groupe.

"Les constats restent alarmants"

Le cabinet, mandaté en septembre par l'entreprise à la suite d'une série de suicides de salariés pour établir un plan d'actions visant à mettre fin au malaise social, a remis vendredi à la direction et aux syndicats cinq rapports, un document de préconisations et deux volumes d'annexes, soit près de 1.000 pages.

Le rapport principal fait suite à plusieurs pré-rapports déjà rendus par le cabinet, et s'appuie sur un questionnaire auquel ont répondu plus de 80% des 102.843 salariés français du groupe et sur 1.000 entretiens qualitatifs. Il souligne que "les constats restent alarmants" et "appellent (...) la poursuite opiniâtre d'une stratégie en profonde rupture avec le passé".

Les langues se délient

Mais "une dynamique forte vers le renouveau a été engagée", note Technologia, qui souligne que la direction a mené une série de 2.500 réunions sur le terrain, montrant qu'un "mouvement de libération de la parole des salariés est engagé".

Le cabinet a souligné que les différents plans de restructuration mis en place par le groupe ont entraîné "des pertes de repères", "mis sous tension l'organisation du travail" et ont multiplié les facteurs de risques psycho-sociaux. Il évoque une "précarisation du rapport au travail", par l'augmentation de la charge de travail, des situations de sous-effectifs, de pressions par les objectifs ou de pressions temporelles, de "dégradation du sens du travail bien fait", de "défaillance des mécanismes de la reconnaissance au travail".

Et maintenant ?

Enfin, Technologia a mis en exergue certains métiers plus spécifiquement touchés par la souffrance, comme les techniciens d'intervention sur le réseau, écartelés entre une culture de service public et une logique concurrentielle, ou les commerciaux, sous la pression d'objectifs fluctuants. Ce rapport "sonne comme un véritable réquisitoire contre la politique de gestion du personnel", a déclaré le syndicaliste Patrick Ackermann (Sud-PTT).

"La responsabilité de la direction est d'opérer une rupture avec le mode de management analysée par Technologia", souligne Nabyl Beldjoudi (FO), qui insiste aussi sur la nécessité de recruter. Pour Christian Mathorel (CGT), le malaise persistera "tant qu'on n'aura pas touché à l'organisation du travail et aux conditions de travail".