"C'est difficile de vivre dans la crasse"

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Thomas Morel et Simon Ruben , modifié à
REPORTAGE E1 -

Des sans-papiers victimes de marchands de sommeil racontent leur calvaire.

Le gouvernement veut en finir avec les marchands de sommeil. Un texte de loi, qui doit être présenté le 26 juin en conseil des ministres prévoit de suspendre les allocations, d'infliger des amendes  ou encore d'interdire de tout achat immobilier les propriétaires qui seraient reconnus coupables de tels actes. Un million de personnes vivraient en effet dans de tels taudis, dans des conditions souvent très précaires. Europe 1 s'est rendu dans l'un de ces logements, à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis.

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Un pavillon d'apparence banale… Depuis la rue, impossible de différencier ce pavillon de ses voisins : la façade est propre, les volets en bon état. Passée la porte, en revanche, on déchante vite : l'eau coule le long des murs, qui verdissent peu à peu sous l'effet de l'humidité. La seule salle de bains n'a pas d'eau chaude.

… Où s'entassent 24 sans-papiers. C'est pourtant là que vivent 24 sans-papiers venus du Bangladesh. Gosh, l'un d'entre eux, entassé dans la cave avec 11 autres personnes, décrit son calvaire "C'est vraiment difficile pour nous. On paye 150 euros chacun par mois, et regardez dans quoi on vit : il y a des trous au plafond, de la crasse, c'est comme ça dans toutes les pièces…"

Le propriétaire ne voit pas le problème. Le propriétaire, lui, ne comprend pas ce qu'on lui reproche : à son avis, ce pavillon a au moins le mérite de sauver beaucoup de gens de la rue. Mais cet argumentaire qui ne séduit pas vraiment la mairie : "Il faut qu'il comprenne qu'il y a une loi, et qu'elle doit s'appliquer", affirme ainsi Evelyne Yonnet, première adjointe au maire. "12 personnes dans une cave de moins de 20 m2, s'il y a le feu, aucun ne s'en sort. Il faut que le propriétaire prenne ses responsabilités et qu'il ouvre les yeux sur ce qu'il est en train de faire."

Action en justice. Pour faire bouger les choses, la mairie a lancé une procédure pour obliger le propriétaire à reloger ses locataires. Mais elle attend désormais avec impatience le projet de loi de Cécile Duflot, qui lui permettra d'agir beaucoup plus vite et plus efficacement contre les marchands de sommeil.