Bruno Wiel confronté à ses tortionnaires

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avec Marie Peyraube et AFP , modifié à
Présent aux d’assises, il ne se souvient toujours pas du calvaire qu’il a vécu en 2006.

Bruno Wiel, un jeune homosexuel de 33 ans qui avait été tabassé et violé en 2006 par quatre hommes qu’il avait rencontrés dans une boîte de nuit gay à Paris, a revu le visage de ses tortionnaires mardi. Alors que ces hommes comparaissaient devant la cour d’assises du Val-de-Marne, Bruno Wiel, qui a perdu la mémoire au moment des faits, les a regardés comme s’ils étaient étrangers.

Il les a longuement scrutés, et a même tremblé lorsqu’ils sont entrés dans le box, mais rien ne lui est revenu. Pour reconstituer son histoire, il a pris des notes tout au long de l’audience. "Le grand soulagement, c’est que l’angoisse d’avoir des flashes et que tout revienne ne s’est pas produit. Il se sent regardé, il y a des regards pesants dans la salle, il en est parfaitement conscient. En même temps il fait face", a confié son avocate Me Maltet, mardi, au micro d’Europe 1.

Bruno Wiel s’est en effet senti "scruté", car de nombreux jeunes venus des cités comme les accusés se sont rendus en cour d’assises par curiosité.

Ils nient tout mobile homophobe

Premier accusé à être entendu à la barre, Julien Sanchez, a déroulé le fil d'une existence chaotique et d'une "enfance douloureuse". Il a dit n’avoir "aucun bon souvenir", et évoqué un père "au comportement pas respectable". Il a notamment évoqué, en larmes, les attouchements sexuels que son père lui aurait fait subir, à lui et à sa soeur.

Me Céline Bouchereau, de son côté, a évoqué "le parcours de vie compliqué" de son client, David Deugoue N'Gagoue. Sans expliquer leur acte, les co-accusés ont nié tout mobile homophobe.

En attendant l'examen des faits, la question centrale du procès est restée en suspens : Bruno Wiel a-t-il été violenté parce qu'il était homosexuel? L'acte d'accusation a tranché : les quatre principaux accusés sont jugés pour actes de tortures et de barbarie et tentative de meurtre aggravés par un mobile homophobe. Ils encourent la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu le 28 janvier.

Bruno Wiel avait été laissé pour mort par ses agresseurs la nuit du 19 au 20 juillet 2006. A la sortie d'un bar gay de Paris, il aurait accepté de monter dans leur voiture avec, semble-t-il, l'espoir d'avoir rencontré des amants d'un soir.