Bettencourt: le tribunal de Bordeaux inquiet

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avec AFP et S. Place , modifié à
Les magistrats bordelais se posent une question : qui va reprendre cette procédure ?

Ambiance au tribunal de Bordeaux. Des magistrats expriment, depuis une semaine, leur inquiétude sur le traitement des procédures judiciaires autour de l'affaire Woerth-Bettencourt.

Le tribunal de Bordeaux a été choisi le mois dernier pour reprendre la conduite de ces dossiers sensibles politiquement, jusqu'ici traités à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine.

Les magistrats craignent "une nomination de Paris"

Les magistrats bordelais redoutent notamment qu'un magistrat actuellement en poste au ministère de la Justice, soit désigné vice-procureur à Bordeaux où il serait alors chargé du dossier. "C'est une réflexion sur le fait que cette affaire doit être traitée dans un climat serein et que rien ne doit laisser la place au moindre soupçon", assure Olivier Joulin, vice-président du tribunal et représentant du Syndicat de la magistrature.

Samedi, le garde des Sceaux Michel Mercier a, quant à lui, exclu toute "mainmise" sur les magistrats qui doivent être nommés à Bordeaux pour traiter de ce dossier. "Je me vois bien ayant la mainmise sur un dossier, tiens ! Faut pas raconter des romans", a lancé Michel Mercier interrogé sur RTL.

Interrogé sur l'hypothèse d'une nomination du "chef du parquet de Bordeaux" issu du ministère de la Justice, le ministre a rappelé que "c'est le CSM (Conseil supérieur de la magistrature) qui donne un avis, qui fait des propositions selon les cas". Il a annoncé son intention de suivre l'avis du CSM, qui n'est pourtant que consultatif en ce qui concerne la nomination des magistrats du parquet. "J'ai bien l'intention de décider comme dira le CSM", a-t-il affirmé.

Les affaires Woerth-Bettencourt

Les poursuites pour abus de faiblesse engagées par Françoise Meyers, fille de la milliardaire, contre l'artiste François-Marie Banier, le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre et l'avocat Fabrice Goguel devraient être abandonnées à la suite d'un accord familial. Demeure une information judiciaire pour notamment "trafic d'influence et financement illégal de parti politique", concernant l'ancien ministre du Travail Eric Woerth.

Cette procédure, qui sera conduite non par le parquet mais par un juge d'instruction indépendant, vise la Légion d'honneur remise à Patrice de Maistre par Eric Woerth lorsqu'il était ministre du Budget en 2008, après l'embauche de l'épouse d'Eric Woerth fin 2007 par le gestionnaire de fortune. Il est aussi question de "financement illégal de parti politique ou de campagne électorale" présumé, Patrice de Maistre étant accusé par un témoin d'avoir apporté 150.000 euros en espèces provenant de la fortune Bettencourt dans les caisses de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy en 2007.