Bettencourt : des rendez-vous intrigants

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et Alain Acco , modifié à
En plein cœur de l'affaire, Courroye et Sarkozy se sont rencontrés huit fois, selon Le Monde.

Les rencontres ont eu lieu au plus fort de l'affaire Bettencourt. Entre 2008 et 2011, pas moins de huit rencontres ont eu lieu entre Philippe Courroye, alors procureur de Nanterre et Nicolas Sarkozy, rapporte Le Monde.

Des rendez-vous qui figurent dans l'agenda privé saisi par les juges au domicile de l'ancien chef de l'État. Figurent également des rencontres entre Patrick Ouart et Jean-Pierre Picca, conseillers justice de Nicolas Sarkozy à l'Elysée et Philippe Courroye, à l'époque chargé de l'enquête préliminaire sur l'affaire Bettencourt. Ce dernier dément toutefois avoir évoqué l'affaire au cours de ces rencontres. A la suite de la publication des informations du Monde, l'ancien procureur a annoncé qu'il comptait porter plainte pour violation du secret de l’instruction et recel, selon Le Figaro.fr.

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"Arrivée par le parc"

Les procès-verbaux obtenus par Le Monde font état de divers rendez-vous entre Nicolas Sarkozy et Philippe Courroye. Un certain "Ph C" figure en effet sur les agendas de l'ancien chef de l'État. La mention "arrivée par le parc", témoigne de la grande discrétion requise pour ces rencontres.

Les deux hommes, se seraient ainsi rencontrés le 12 juin 2010, soit deux jours après que la fille de Liliane Bettencourt eut apporté à la brigade financière le produit des enregistrements réalisés pendant un an par le majordome de sa mère.

Autre rencontre : le 11 septembre 2010. Date à laquelle l'ancienne comptable Claire Thibout a évoqué un possible financement illicite de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Quatre jours avant, le procureur de Nanterre se rendait en personne en Suisse pour y chercher des éléments sur un tel financement, voyage dont il rentre quasi-bredouille.

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Sarkozy et Courroye : "des relations personnelles"

Questionné sur ces coïncidences, Philippe Courroye a battu en brèche. Entendu le 2 octobre par deux des juges en charge de l'affaire Bettencourt à Bordeaux, il a confirmé connaître personnellement Nicolas Sarkozy depuis une douzaine d'années, et "le voir depuis une à trois fois par an pour évoquer des sujets généraux et institutionnels".

"Il n’a jamais été question de cette affaire dans mes rencontres avec Nicolas Sarkozy, Patrick Ouart ou Jean-Pierre Picca", aurait ainsi assuré aux juges Philippe Courroye, aujourd'hui avocat général à Paris. "Vous n’imaginez pas Nicolas Nicolas Sarkozy ou Patrick Ouart m’interroger sur des affaires que je pouvais traiter. Vous m’imaginez encore moins moi-même répondant à des questions sur ces affaires ou prenant des 'instructions'. Le penser serait même outrageant".

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"On prend les gens pour des imbéciles"

Mais pour Me Antoine Gillot, il fait peu de doute que Philippe Courroye ait évoqué l'affaire Bettencourt lors de ses rencontres avec Nicolas Sarkozy. "Philippe Courroye voudrait nous faire croire qu'il rencontrait Nicolas Sarkozy uniquement pour discuter de sujets généraux. Je rappelle qu'à l'époque toute la France en parlait, donc Philippe Courroye aurait été le seul à ne pas aborder l'affaire Bettencourt avec Nicolas Sarkozy lors de ses rencontres. Comme par hasard à des moments clés de l'affaire", précise Me Gillot au micro d'Europe 1.

L'avocat estime que l'ancien procureur "prend les gens pour des imbéciles". Selon lui, Philippe Courroye "se drape dans sa vertu et s'offusque du fait qu'on puisse penser qu'il ait parlé de l'affaire Bettencourt lors de ses entretiens avec Nicolas Sarkozy. "D'après Me Gillot, les rencontres entre l'ancien chef de l'État et le magistrat confirment bien "l'intervention directe de l'Élysée dans l'affaire Bettencourt qui n'était à l'époque qu'une affaire privée. "