Bac 2011 : "pas de génération sacrifiée"

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Professionnels et acteurs du secondaire minimisent l’impact d’un bac potentiellement dévalué.

Le bac 2011 comme le bac 1968 ? Pour beaucoup de futurs bacheliers, la crainte est réelle de voir le précieux diplôme donné plus facilement donc dévalorisé, comme il le fut après les événements de mai en 1968, référence suprême du bac au rabais. "C’est pas en Mai 68 que le bac était accordé quasiment d’office la dernière fois ?", s’interroge, faussement candide, CWICKET sur Twitter. Certains, sur Facebook, réclament qu’"avec tous ces problèmes, qu’on donne le bac comme en 68".

Suite à l’affaire de la fraude dans l’exercice de mathématique de la section scientifique, le ministère de l’Education a décidé de changer le système de notation de l’épreuve, et, surtout, a appelé à l’indulgence les correcteurs et les jurys d’examen.

"Vu qu’ils veulent soi-disant être indulgents, ils vont rehausser certainement les moyennes, et donc ce sera dévalorisant au final", calcule Mathilde, qui a manifesté vendredi à Angoulême pour réclamer que l’épreuve soit reprogrammée. "Quand on dira ou qu’on marquera sur notre CV qu’on a eu le bac en 2011, c’est sûr que (les employeurs) se rappelleront de toute cette histoire, qui fait quand même beaucoup de bruit", déplore la jeune femme sur Europe 1. "Il y a une vraie crainte", confirme à Europe1.fr Xavier Colombani, président de l’Union nationale des lycéens (UNL). "Les lycéens ont conscience qu’il y a un risque de dévalorisation. Or, il n’y a aucun raison que le bac 2011 ne soit pas équivalent à celui de 2010 ou celui de 2012 - s’il n’y a pas de fraudes."

Grande écoles : "ces péripéties n’ont pas d’incidence"

Ces inquiétudes sont pourtant balayées par les professionnels du recrutement ou par les grandes écoles. D’abord parce que la section scientifique, censément la plus prestigieuse, est rarement une fin en soi. "En général, ceux qui ont obtenu un bac S ont fait des études supérieures ou intégré des grandes écoles", confirme Gaëlle Loirat, consultante RH au cabinet Ethis, jointe par Europe 1.fr. "Et si un candidat à un emploi se présente avec un Bac +5, on ne va pas lui demander de présenter l’attestation du bac. C’est le dernier diplôme qui compte. Le bac est alors oublié."

Le discours est tout aussi rassurant de la part des grandes écoles. "De notre côté, les péripéties du bac 2011 n’ont pas d’incidence. Pour nous, ce diplôme n’est pas une information capitale", tempère Pierre Aliphat, délégué général de la Conférence des grandes écoles (CGE). "La constitution des compétences a eu lieu pendant les trois années précédentes. Et ce sont ces compétences qui constituent la base des dossiers sur lesquels les écoles se fondent pour recruter. Après, il faut évidemment que les candidats réussissent le bac, mais ce n’est alors qu’une confirmation."

Le bac ne sert plus à grand-chose

"Je dirais au futur bachelier inquiet que s’il veut entrer dans une grande école, toute cette affaire ne changera rien", poursuit Pierre Aliphat, pour qui "il n’y a pas de génération sacrifiée parce qu’un exercice de probabilité du bac S a été mis sur Internet. Il faut garder la mesure des choses".

En creux, le discours du président de la CGE est clair, et peut-être moins rassurant pour tous les bacheliers en puissance : le bac ne sert plus à grand-chose. "Certes, le bac est très emblématique, très symbolique. Il reste très important pour les élèves et leur famille. Mais ce n’est pas un élément majeur de construction des compétences. C’est un entraînement, avec un petit stress, sachant que les bacheliers seront appelés par la suite à passer des concours, des examens", juge-t-il. "Aujourd’hui le recrutement avec juste un bac général en poche est de plus en plus difficile", confirme Gaëlle Loirat, du cabinet Ethis. "C’est un diplôme sans professionnalisation et trop généraliste."