BP a-t-il minimisé la catastrophe ?

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Europe1.fr (avec agences) , modifié à
La marée noire a déjà détruit 55 km de côtes aux Etats-Unis. La fuite est loin d’être colmatée.

La polémique enfle près d’un mois après qu’une plateforme pétrolière a sombré dans le Golfe du Mexique. Le président de la sous-commission de l'Energie et de l'Environnement de la Chambre des représentants a accusé BP d’avoir "menti sur toute la ligne en sous-estimant sciemment l’importance de la marée noire". Mêmes soupçons pour les experts.

BP a reconnu jeudi, pour la première fois, que la fuite était plus importante que l'estimation que l'exploitant pétrolier avait avancée jusqu'à présent. Le groupe a d’ailleurs entrepris de diffuser de nouvelles images d’une fuite de la plateforme, sur laquelle on voit que le pétrole continue de se déverser massivement dans l’océan.

La vidéo de BP diffusée par la chaîne ABC :

Malgré la diffusion de ces images, l'administration Obama a haussé le ton jeudi. Elle a demandé que BP communique toutes les informations en sa possession sur la marée noire. "Jusqu'à présent, ces efforts (pour informer le gouvernement) n'ont pas été à la hauteur", ont estimé la secrétaire aux Affaires intérieures, Janet Napolitano, et la chef de l'Agence de protection de l'environnement (EPA), Lisa Jackson, dans une lettre au groupe.

Une pression supplémentaire alors que les côtes de la Louisiane sont fortement touchées. BP pompe désormais 5.000 barils, soit environ 800.000 litres, de brut par jour du puits foré sous la plateforme.

L'écosystème menacé

Les marais de l’Etat ont jusqu’à maintenant été souillés sur près de 55 kilomètres. "Tout est mort", s’est ému jeudi Billy Nungesser, le président du comté. "Il n'y a plus de vie dans ce marais. On ne pourra pas nettoyer", a-t-il assuré.

Labyrinthe de canaux et d'étangs, les bayous de cet Etat méridional représentent 40% des marais des Etats-Unis. Largement inhabités, ils constituent une halte de choix pour les oiseaux qui migrent et sont le berceau d'une vie marine riche et diversifiée. Poissons, crevettes, huîtres, moules ou crabes : cette industrie halieutique représente 2,4 milliards de dollars par an.

Avec l'infiltration croissante du pétrole, cet écosystème risque d'être mis à mal pour des décennies, s'inquiètent scientifiques et écologistes. "On commence juste à voir arriver du pétrole dans les marais et cela va avoir un énorme impact pour des années, si ce n'est des décennies", a déclaré John Hocevar, biologiste chez Greenpeace. Le brut "va affecter les poissons, la faune et la flore du golfe" du Mexique, a expliqué pour sa part le Dr. Steve Murawski, vétérinaire à l'Agence américaine des parcs nationaux.

La plateforme a sombré le 22 avril dernier, dans le golfe du Mexique. Il pourrait s’agir de la marée noire la plus grave de l'histoire des Etats-Unis.