Areva : les suicides devant la justice

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avec AFP

La cour d'appel de Caen s'est penchée mardi sur les suicides de salariés de l'usine de retraitement des déchets nucléaires Areva de Beaumont-Hague, dans la Manche, six depuis 2010, dont trois en 2011, et une tentative la semaine dernière, intervenus toutefois en dehors du site.

Les juges ont examiné la volonté du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l'usine de confier à un cabinet d'expert agréé par le ministère du Travail une étude sur le lien éventuel entre le suicide d'un salarié en mars 2010 et les conditions de travail.

La direction d'Areva s'oppose à cette expertise et le tribunal de grande instance de Cherbourg lui a donné raison en juin 2010. L'entreprise estime avoir déjà lancé les études nécessaires à la prévention des risques psychosociaux sur le site comme dans le groupe.

Le CHSCT a le droit de confier une telle expertise au cabinet de son choix si un "risque grave" est avéré. Pour lui, il l'est. Pour la direction, il ne l'est pas. Pour Me Guillaume Letertre, avocat du CHSCT, l'existence de ce risque grave "n'a fait malheureusement que se confirmer" depuis la demande d'enquête du CHSCT vu "l'augmentation extrêmement inquiétante des passages à l'acte" de salariés du site, alors que le taux de suicide dans le Cotentin est "stable".

Selon le CHSCT, depuis le 19 mars 2010 six salariés du site se sont suicidés, dont deux en février, et un est décédé en mars des suites de sa tentative en février.

"Rien ne permet de lier ces gestes à la vie professionnelle" de leurs auteurs, a redit en marge de l'audience un porte-parole de Areva La Hague, qui a comptabilisé pour sa part six suicides, mais depuis janvier 2010.