Angolagate : une impression de déjà-vu

Charles Pasqua et Pierre Falcone n'ont qu'un but : ne pas aller ou retourner en prison. Mais sans nouveaux éléments apportés au dossier de l'Angolagate, ce procès en appel risque de n'être qu'un remake.
Charles Pasqua et Pierre Falcone n'ont qu'un but : ne pas aller ou retourner en prison. Mais sans nouveaux éléments apportés au dossier de l'Angolagate, ce procès en appel risque de n'être qu'un remake. © MAXPPP
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avec Pierre Rancé , modifié à
Le procès en appel de cette vente illégale d’armes ne devrait pas donner lieu à de grandes révélations.

Vingt-et-un acteurs présumés d’un réseau de ventes illégales d'armes à l'Angola entre 1993 et 1998 sont jugés en appel à Paris à partir de mercredi. Mais ce deuxième volet judiciaire risque de laisser une impression de déjà-vu. Bien que des zones d’ombre persistent, chacun reste sur ses positions.

Marchands d’arme, diplomatie et trafic d’influence

L’expression “Angolagate“ désigne la vente sans autorisation, par une société basée à Paris, d'armes en provenance d'Europe de l'Est et destinées à l’Angola. Cette vente, d’un montant de 793 millions de dollars (592 millions d’euros), a généré un bénéfice de 397 millions de dollars (296 millions d’euros), mais aussi des versements d'argent à des personnalités politiques de droite comme de gauche en France.

Lors de leur premier passage devant la justice, le vendeur d’armes Pierre Falcone et le milliardaire israélien d'origine russe Arcadi Gaydamak ont été condamnés pour avoir vendu les armes à l’Angola. Charles Pasqua a, lui, été reconnu coupable d'avoir échangé 225.000 euros versés par les vendeurs d'armes pour son association France-Afrique-Orient contre l'Ordre national du mérite remis à Arcadi Gaydamak en juillet 1996

Eviter la prison, principal enjeu du procès

Ce nouveau procès ne devrait pas être le théâtre de grandes révélations, les accusés ayant toujours nié les faits ou préféré garder le silence. Le seul et véritable enjeu est la prison, que les condamnés en première instance veulent éviter. Pierre Falcone espère en sortir, Charles Pasqua ne veux pas y atterrir.

Pierre Falcone, principal acteur des ventes d'armes, a été écroué immédiatement après le premier procès. Mais l'Angola le présente comme son "mandataire" et l'a nommé ambassadeur à l'Unesco en 2003, pour tenter - en vain - de lui conférer une immunité. Plusieurs demandes de remise en liberté, appuyées par le parquet, ont depuis été rejetées.

L'ancien ministre de l'Intérieur et sénateur des Hauts-de-Seine Charles Pasqua ne purge pas encore sa peine, suspendue par l'appel. Mais il a été reconnu coupable en première instance et risque d’être emprisonné si la justice ne change pas d’avis. Charles Pasqua "n'accepte pas le fait qu'on puisse imaginer qu'il est coupable", a réagi son avocat, Me Forster, à l'ouverture du procès. "Au bout de plusieurs années il y a une certaine lassitude. Mais un homme comme lui, ne se lasse jamais."

La justice sous pression

Tout comme lors du premier procès, ce dossier angolais suscite une tension entre le pouvoir politique et le monde judiciaire, qui se plaint de pressions. Le magistrat qui se préparait à diriger le procès en appel, Christian Pers, a été promu inopinément à la Cour de cassation en novembre et a été remplacé par un autre magistrat, Alain Guillou.

Juste avant le premier procès en 2008, Nicolas Sarkozy s'était rendu en visite officielle à Luanda et avait parlé publiquement de "malentendu du passé" à propos de l'affaire. En juillet 2008, le ministre de la Défense d'alors, Hervé Morin, avait expliqué que la vente d'armes était légale aux yeux du ministère. Un point de vue infirmé par le tribunal. A l'été 2009, l'Etat français a réduit de 140 à 15 millions d'euros le redressement fiscal de Pierre Falcone.

Le procès doit durer jusqu'en mars.