AZF : un nouveau scénario avancé

Une fuite de carburant de fusées, survenue sur le site voisin d'AZF, pourrait être à l'origine de l'explosion de l'usine chimique toulousaine.
Une fuite de carburant de fusées, survenue sur le site voisin d'AZF, pourrait être à l'origine de l'explosion de l'usine chimique toulousaine. © MAXPPP
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Frédéric Frangeul , modifié à
Une explosion sur un site voisin de l’usine pourrait être le point de départ de la catastrophe.

C’est une nouvelle piste qui vient remettre en cause la thèse officielle sur la catastrophe AZF. Une fuite de carburant de fusées, survenue sur le site voisin d'AZF, pourrait être à l'origine de l'explosion de l'usine chimique toulousaine qui avait fait 31 morts en septembre 2001, selon un article à paraître mercredi dans Sud Ouest.      

Une explosion aurait précédé celle de l’usine AZF  

A l’appui de son enquête, Sud-Ouest cite notamment sur les révélations de la revue Préventique, spécialisée dans le droit du danger et le management du risque. Selon cette dernière, une "première explosion aurait eu lieu avant celle du hangar de l'usine AZF", propriété de la société Grande Paroisse, filiale à 100% du groupe Total.

Cette explosion est survenue sur le site de l'usine voisine de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE), spécialisée dans la chimie fine. Une fuite d'un gaz, notamment utilisé pour propulser la fusée Ariane, serait entré en contact avec des fumées polluantes d'AZF.

Des dégats considérables

© Reuters

"Tout cela a créé un arc électrique, qui a provoque une première explosion, s'en est suivi un séisme qui a conduit à l'explosion de deux bombes dormantes situées sous le hangar 221 de l'usine AZF". Ces bombes, dont l’existence étaient connues, dataient de la Seconde guerre mondiale. Le rapport précise toutefois qu'aucune pièce de ces bombes n'a été retrouvée, un manque que les auteurs attribuent à la faiblesse de l'enquête judiciaire.

Secret-défense et soupçons

Sud-Ouest rappelle que la SNPE, qui est protégée par le secret-défense, "n'a jamais été ciblée par l'instruction judiciaire". Lors des deux procès, de longues heures ont pourtant été consacrées à la thèse de l'arc électrique, de la fuite à la SNPE, de la double explosion. Des thèses écartées car elles n'ont pas survécu à la confrontation des experts judiciaires.

Outre le secret-défense, l'auteur même de cette révélation, le groupe Préventique, intrigue. Ce dernier, par ailleurs client du groupe Total, ne cherche-t-il pas à dédouaner le groupe pétrolier ? "Il n’y a aucune intention maligne, en tant que directeur de la revue, je suis connu des personnes qui ont fait l'enquête, j'ai écrit en 2009 un livre qui mettait en cause la thèse officielle", a répondu son directeur, Hubert Seillan, mercredi sur Europe 1.

Un drame toujours inexpliqué  

L'explosion de l'usine AZF est la plus importante catastrophe industrielle en France depuis la Seconde guerre mondiale. Elle a aussi fait 20.800 blessés, d'après les documents judiciaires officiels. Jusqu’à présent, la recherche d'explications de cet événement ont achoppé sur le manque de preuves de l'accident chimique et sur l'absence de toute autre piste solide d'accident ou d'attentat.

Lors du procès en appel, qui s’est tenu en mars dernier à Toulouse et dont la décision est attendue le 24 septembre prochain, une peine de 18 mois avec sursis a été requise contre le directeur de l’usine ainsi qu’une amende maximale de 255.000 euros contre son propriétaire.