AF 447 : "l'interprétation orientée" du BEA

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avec AFP , modifié à

Les familles des victimes allemandes de la catastrophe du vol Rio-Paris en 2009 ont exprimé jeudi, dans un communiqué, "leurs doutes sur les objectifs de l'enquête du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA)", dont ils dénoncent "l'interprétation orientée" des faits. Le BEA rendra public vendredi un nouveau rapport sur l'accident du vol AF447, qui a fait 228 morts au large du Brésil le 1er juin 2009. Dans l'enquête judiciaire française, Airbus et Air France ont été mis en examen en mars pour homicides involontaires.

Les familles allemandes "expriment leurs doutes sur les objectifs de l'enquête" du BEA, et "sont aussi scandalisées par la lenteur du dépouillement des données de vol (...) après les 22 mois d'attente et de retard des recherches en mer", dit l'association allemande HIOP eV AF447 dans un communiqué. L'association attaque également "la politique de diffusion de l'information, information fragmentée, parcellaire et orientée". "L'opinion publique est de plus en plus incitée à reconnaître l'erreur de pilotage comme la cause" de l'accident, une théorie du BEA reposant "sur des extraits du dialogue de l'équipage choisis à dessein", dénoncent les familles.

De plus, "l'interprétation orientée des données de vol contredit les simulations cohérentes réalisées à l'Université Technique de Berlin par un expert renommé", ajoute le document. Cet expert a conclu que l'avion, à cause du givre, "a perdu les informations de vitesse", phénomène aggravé par "un bug informatique dans la gestion du système de pilotage de l'Airbus A330" et "des pannes intermittentes d'instruments essentiels et vitaux", est-il précisé dans le communiqué. La perte des informations est liée aux "sondes Pitot de l'équipementier français Thalès", sur lesquelles "de nombreux problèmes (...) ont été recensées lors de vols à travers les zones givrantes", rappelle le texte. Mais "ni le constructeur Airbus, ni l'opérateur Air France, ni la DGAC française, ni le BEA n'ont requis les modifications indispensables ou émis les restrictions de vol adéquates sur l'Airbus A330" jusqu'au désastre, devenu ainsi "programmé et pratiquement inévitable", disent les familles.