Une prime réservée aux infirmièr(e)s parisienn(e)s ? "Il est plus compliqué de vivre dans un endroit où la vie coûte plus cher"

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Romain David
Invité samedi d'Europe 1, Martin Hirsch directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, a estimé après la présentation du plan hôpital que le gouvernement était enfin prêt à s'attaquer à "l'anomalie française de ne pas payer assez les infirmières".

Le traitement de choc annoncé mercredi par Edouard Philippe pour tenter de mettre fin à la crise sociale au sein de l’hôpital public a été difficile à avaler pour certains. Ces mesures "semblent chercher à diviser Paris et les régions", a notamment estimé le collectif Inter-urgence. En cause : la prime de 800 euros nets réservées aux infirmiers et aides-soignants d’Île-de-France payés moins de 1.900 euros par mois (soit 40.000 professionnels concernés). Mais pour Martin Hirsch, le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HAP), la prise en compte des disparités territoriales est essentielle pour redonner de l’attractivité à l’hôpital public.

"Dans tous les pays d’Europe, là où est la capitale et où la vie est plus chère, les soignants sont mieux payés que dans le reste du pays", a observé samedi ce responsable au micro de Patrick Cohen, dans C’est arrivé cette semaine sur Europe 1. "800 euros nets, donc 66 euros par mois, c’est une augmentation de 3,5% du salaire", observe-t-il. Si cette revalorisation est jugée insuffisante par certains professionnels mobilisés ces derniers mois, la patron de l'AP-HP y voit un effort significatif de la part du gouvernement. "Il n’y a pas beaucoup de secteurs de la fonction publique dans lesquels on peut obtenir ça, et c’est la première fois que l’on reconnait qu'il est plus compliqué de vivre dans un endroit où la vie coûte plus cher, et donc nécessite d’être mieux payé", plaide-t-il.

Élargir les compétences des infirmiers pour augmenter leur rémunération

Plus généralement, Martin Hirsch estime qu’il existe "une anomalie française de ne pas payer assez les infirmières". "La France est l’un des pays de l’OCDE où les salaires des infirmières sont les plus bas, et ça date de bien avant la crise de cette année. Ça pose un problème moral et social", constate-t-il.

Pour ce haut-fonctionnaire, un trop grand cloisonnement entre les différents corps des métiers de la santé explique en partie cet écart avec une partie de nos voisins. "Dans les autres pays, on a compris plus tôt qu’en France que l’on pouvait développer des métiers intermédiaires, dans lesquels les infirmiers exercent davantage de compétences, qui sont aujourd’hui réservées au médecin. On peut ainsi les payer mieux et gagner du temps médical", explique-t-il. "En France, ça a été bloqué pour des raisons de corporatisme des uns et des autres et de complexité administrative. On range les gens dans des boîtes", déplore Marin Hirsch.

Dans le plan "Ma santé 2022", présenté en septembre 2018, le gouvernement entend notamment s’appuyer sur la nouvelle fonction d’"infirmier en pratique avancée" pour désengorger le système de soins. C’est-à-dire des soignants qui allégeront la charge de travail des médecins en assurant eux-mêmes le suivi de certaines maladies chroniques. "Mais ça ne se fait pas d’un claquement de doigt, et les hospitaliers disent : ‘En attendant que ça marche, aidez-nous à respirer !’", conclut Martin Hirsch.