Mila a été harcelée en ligne après avoir publié une vidéo polémique sur l'islam. 1:30
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Europe 1 avec AFP , modifié à
Le tribunal de Paris a rendu son jugement dans l'affaire Mila, premier dossier du nouveau pôle national de lutte contre la haine en ligne. Le parquet avait requis des peines d'avertissement allant de 3 à 6 mois de prison avec sursis contre douze des prévenus. 

Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé mercredi des peines de quatre à six mois de prison avec sursis contre 11 jeunes gens jugés pour avoir participé au cyberharcèlement de Mila, après la publication par l'adolescente d'une vidéo polémique sur l'islam. Un autre prévenu a bénéficié d'un vice de procédure et un dernier a été relaxé faute de preuves.

"On a gagné et on gagnera encore. Je ne veux plus jamais qu'on fasse culpabiliser les victimes", a affirmé Mila à la sortie du tribunal. Plusieurs prévenus ont été condamnés en outre à verser à la jeune femme la somme de 1.500 euros en raison des souffrances qu'elle a endurées et à 1.000 euros chacun pour les frais d'avocats.

Le président de la 10e chambre correctionnelle, Michaël Humbert, a fait preuve de pédagogie en expliquant sa décision aux 7 prévenus présents a l’audience : le seul fait de poster un message malveillant en ligne revient à l’imposer à sa victime. "Nous vous considérons responsables des dommages causés à Mila", a-t-il souligné. "Le réseau social, c'est la rue. Quand vous croisez quelqu'un dans la rue, on s'interdirait d'insulter quelqu'un, de le menacer, de se moquer. Ce que vous ne faites pas dans la rue, ne le faites pas sur les réseaux sociaux", a insisté le magistrat.

Des milliers de messages

À l'audience, le parquet avait requis des peines de prison avec sursis contre douze des prévenus et sollicité la relaxe d'un treizième. Les onze jeunes gens condamnés, âgés de 18 à 29 ans, étaient jugés pour avoir diffusé quelques-uns des milliers de messages de haine et des menaces de mort contre Mila. L'adolescente, alors âgée de 16 ans et demi, avait en janvier 2020 répondu à des injures sur les réseaux sociaux sur son orientation sexuelle par le biais d'une vidéo véhémente sur l'islam mais "dans les strictes limites" de la liberté d'expression, selon le procureur.

Cible d'un "raz-de-marée de haine", Mila avait été contrainte de quitter son lycée et de vivre sous protection policière. Elle s'était attirée une nouvelle salve de menaces après la publication d'une seconde vidéo polémique, le 14 novembre, dans laquelle elle lançait : "et dernière chose, surveillez votre pote Allah, s'il vous plaît. Parce que mes doigts dans son trou du cul, j'les ai toujours pas sortis".

Mila a reçu, selon son avocat Richard Malka, quelque "100.000 messages" haineux.