InSight : pourquoi l'atterrissage sur Mars était-il si redouté ?

© Bill INGALLS / NASA / AFP
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Grégoire Duhourcau

InSight s'est posée avec succès sur Mars lundi soir. Un véritable soulagement pour les ingénieurs et scientifiques de la Nasa tant la manœuvre est périlleuse, comme l'explique le président du Cnes à Wendy Bouchard sur Europe 1.

Après sept mois de voyage, sept minutes de "terreur". La sonde InSight s'est posée sur Mars lundi soir, sept minutes après son entrée dans l'atmosphère de la planète rouge. Un moment périlleux, comme le raconte Jean-Yves Le Gall, président du Centre national d’études spatiales (Cnes), au micro de Wendy Bouchard sur Europe 1 : "Lorsque l’on regarde un peu l’histoire des sondes martiennes, il y en a un certain nombre qui se sont perdues. Jusqu’à ce jour, il n’y a que les Américains qui ont réussi à se poser sur Mars." Lorsque le "touchdown" a été annoncé, "je peux vous dire que tout le monde était très content", relate-t-il.

Une atmosphère beaucoup plus turbulente que celle de la Terre. Un soulagement car la sonde arrive "très vite, à 20.000 km/h" dans "une atmosphère qui est très différente de l’atmosphère terrestre". Différente car "beaucoup plus ténue" : "La pression atmosphérique à la surface de Mars équivaut à 0,8% de la pression atmosphérique terrestre." Mais également "très turbulente parce qu’il y a du vent qui souffle très fort", à 250 km/h et provoque "des tourbillons". L'atmosphère de la Terre "est à peu près homogène" et permet donc "une trajectoire régulière", alors que sur Mars, "on a des creux, on a des bosses donc parfois la sonde peut se mettre à tanguer".

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InSight s'est posée "exactement" à l'endroit prévu. L'atterrissage est lui aussi périlleux puisque la sonde, qui repose sur trois pieds, "se pose en aveugle" : "Il fallait absolument éviter que l’un des pieds tombe sur un gros caillou, voire un cratère." Il lui fallait donc une surface totalement plate pour réussir à se poser correctement, à l'image de ce que le premier cliché envoyé par InSight laisse entrevoir. "C’est exactement l’endroit où on avait décidé d’aller", assure Jean-Yves Le Gall. Et cet endroit, observé grâce aux différents satellites de Mars au préalable, "se trouve s'appeler la plaine de l'Elysée".

"Entre le succès et l’échec, il y a souvent l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette." Avant d'y arriver, InSight avait parcouru pas moins de 140 millions de kilomètres depuis le 5 mai dernier et son lancement à la base californienne de Vanderberg. Alain Cirou, spécialiste scientifique d'Europe 1, tient à souligner que ce qu'a réussi InSight n'est "pas banal" en rappelant que seulement 50% des missions envoyées sur Mars ont été couronnées de succès. "Entre le succès et l’échec, il y a souvent l’épaisseur d’une feuille de papier à cigarette", analyse-t-il. Sans cette réussite, "il est clair que l’on n’allait pas repartir aussitôt", commente Jean-Yves Le Gall.