Éruption volcanique en Islande : qu'est-ce que le «lava haze», ce phénomène qui inquiète les scientifiques ?

L'Islande est confrontée à une nouvelle éruption volcanique.
L'Islande est confrontée à une nouvelle éruption volcanique. © AEL KERMAREC / AFP
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Romain Rouillard / Crédit photo : AEL KERMAREC / AFP
Une nouvelle éruption volcanique sur la péninsule de Reykjanes met l'Islande en alerte depuis samedi. Les autorités surveillent la progression de la lave dont l'éventuel contact avec l'océan pourrait provoquer des conséquences néfastes pour l'environnement. Mais la probabilité d'assister à un tel évènement semble s'affaiblir. 

L'Islande à nouveau confrontée aux convulsions de la Terre. Samedi soir, la police locale a décrété l'état d'urgence après un jaillissement de lave survenu après la formation d'une faille volcanique sur la péninsule de Reykjanes, dans le sud-ouest du pays. La remontée du magma, qui a d'abord provoqué de simples étincelles, a rapidement pris des allures de geyser avec des projections de lave pouvant atteindre 200 mètres de haut. De quoi offrir un spectacle impressionnant, mais qui n'est pas totalement sans risque.

Les autorités surveillent avec attention la progression de la lave en direction de l'océan. Car le contact des deux, connu sous le nom scientifique de "lava haze" ou "brume de lave", peut s'avérer assez nocif pour l'environnement et les écosystèmes. 

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© AFP PHOTO /HANDOUT/ICELANDIC COAST GUARD

"Toxique pour les végétaux, pas bon non plus pour les animaux" 

"Contrairement à ce que l'on croit, lorsque l'on met de l'eau sur de la lave, ça ne l'éteint pas. Au contraire, ça se vaporise et ça provoque des explosions", explique Jacques-Marie Bardintzeff, volcanologue, professeur émérite à l’université Paris-Saclay. Le nuage de fumée ainsi provoqué peut donc être composé de morceaux de roche, parfois très petits et très coupants - semblables à des échardes de verre - pouvant ensuite retomber n'importe où, selon la direction du vent.

"D'autre part, vous avez le mélange des gaz volcaniques et de l'eau de mer qui peut générer des gaz toxiques qui peuvent ensuite se condenser pour former des pluies acides", ajoute le spécialiste. Une réaction rendue possible par la présence de chlorure de sodium dans l'eau de mer qui, une fois en contact avec des poussières de lave, forme ces fameux nuages de fumée, composés, entre autres, d'acide chlorhydrique. De quoi générer une pollution, certes locale, mais bien réelle pour les écosystèmes. "C'est toxique pour les végétaux, ce n'est pas bon pour les animaux non plus, notamment les herbivores qui vont manger de l'herbe polluée", remarque Jacques-Marie Bardintzeff. 

"Ce n'est pas de l'acide pur non plus" 

Et pour l'homme ? "Ce n'est pas de l'acide pur non plus. Si on en prend sur les mains et qu'ensuite, on se les lave, on ne sera pas agressé", tempère le volcanologue. Néanmoins, des picotements et des irritations peuvent survenir en cas d'exposition prolongée. Ces pluies acides tombent régulièrement à Hawaï ou à la Réunion, deux territoires connus pour leur activité sismique.

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Pour l'heure, la lave continue sa progression vers l'océan, mais à un rythme toutefois très réduit d'environ 1km/h. Le scénario d'un contact avec l'eau de mer ne saurait être totalement écarté, mais les experts le jugent de moins en moins probable. L'Institut météorologique islandais (IMO) a même noté une diminution de l'activité sismique ces dernières heures. Les 4.000 habitants de la petite ville de Grindavík ainsi que le site touristique géothermique du Lagon bleu ont tout de même été évacués.