EPR de Flamanville : des soudures à refaire et un chantier qui traîne en longueur

Des défauts de qualité sur quelques dizaines de soudures vont entraîner un nouveau retard de livraison de l'EPR de Flamanville.
Des défauts de qualité sur quelques dizaines de soudures vont entraîner un nouveau retard de livraison de l'EPR de Flamanville. © Maud Descamps / Europe 1
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édité par C.A.
La mise en marche du premier réacteur EPR français, à Flamanville, ne cesse d'être retardée. Dernier problème en date : un défaut de qualité concernant des soudures, qui entraîne un nouveau surcoût. EDF attend la décision de l’Autorité de sureté nucléaire. Si l’électricien doit reprendre les soudure alors le chantier prendra encore plusieurs mois de retard.
REPORTAGE

Un colosse de béton. Soixante mètres de haut, 50 mètres de diamètre, un double coffrage prévu pour résister à un crash d'avion, aux séismes et aux événements climatiques les plus graves. À première vue, on pourrait croire que tout est terminé. Les 4.000 ouvriers du chantier s'affairent aux finitions et donnent les derniers coups de peinture. Mais en réalité, le réacteur EPR de Flamanville (voir encadré), dans la Manche, enchaîne les retards à cause de soudures mal faites.

"Les soudures sont de bonne qualité, mais elles ne respectent pas un référentiel de très haute qualité que s'était imposé EDF", justifie Laurent Thieffry, qui dirige le projet du chantier depuis 2015, au micro d'Europe 1. Sur les 40.000 soudures que compte l'EPR de Flamanville, plusieurs dizaines sont ainsi concernées.

Une dizaine de soudures mises à niveau

"On est déjà intervenu sur une dizaine de soudures. On a une organisation qui est maintenant bien rodée avec plus de 500 personnes, dont 80 soudeurs totalement entraînés pour pouvoir délivrer cette opération de remise à niveau, avec le niveau de qualité attendu", décrit Laurent Thieffry.

Certaines des soudures à refaire sont très difficiles d'accès. Elle se situent sur des tuyaux enfermés entre deux murs espacés de deux mètres. C’est sur celles-ci que l'Autorité de sûreté nucléaire doit se prononcer fin juin. La remise à niveau de ces défauts de qualité, détectés en 2018, nécessite beaucoup de temps. Les travaux réalisés sur les soudures facilement accessibles ont déjà coûté 400 millions d’euros supplémentaires et retardé le chantier d’un an de plus.  

Un retard d'un an minimum

Du côté d'EDF on reste confiant. L’électricien l’assure – quoi qu’il en soir – les premiers tests de démarrage de la centrale auront lieu cet été. "On s'apprête à débuter nos grands essais d'ensemble. Comme c'est le premier démarrage, on va faire des paliers. Et à chaque palier, il y a un point d'arrêt avec l'autorité de sûreté pour vérifier et dire si nous sommes conformes", explique le directeur du chantier.

Si les soudures doivent être refaites entièrement, alors il faudra attendre 2021 voire même 2022 pour la mise en marche du premier EPR français. La facture, déjà multipliée par trois (10, 9 milliards d’euros contre 3,5 milliards initialement prévus), pourrait encore augmenter d'un milliard d'euros.

Qu'est-ce qu'un réacteur EPR ?

Les réacteurs EPR, pour "European Pressurized Reactor", sont des réacteurs nucléaire à eau pressurisée de troisième génération. Leur capacité de production est supérieure à celle des réacteurs plus anciens : elle peut atteindre 1.600 MW contre 1.000. Un réacteur EPR "peut produire l'équivalent de la consommation de la ville de Paris, 24 heures sur 24", explique Laurent Thieffry, directeur du chantier de l'EPR de Flamanville depuis 2015, à Europe 1. Plusieurs sont en construction dans le monde, dont un en France, à Flamanville donc. C'est en décembre 2018 que le premier réacteur EPR est entré en service, en Chine, dans la centrale nucléaire de Taishan.