Selon le Professeur Michel Lejoyeux, les balades hivernales sont idéales pour lutter contre la morosité. (Photo d'illustration) 8:32
  • Copié
Tiffany Fillon , modifié à
L'hiver approche et l'envie de rester chez soi aussi. Si cette sédentarité s'accompagne de sautes d'humeur et de fatigue, vous êtes peut-être victime de déprime hivernale. Il n'y a pourtant pas de raison de s'inquiéter, d'autant plus qu'il existe des astuces pour s'en débarrasser. Le psychiatre Michel Lejoyeux nous en livre dix sur Europe 1. 
EUROPE 1 VOUS ACCOMPAGNE

À mesure que l'hiver s'installe, vous avez peut-être l'envie de rester chez vous, vous ressentez une fatigue passagère et des sautes d'humeur. Selon le professeur Michel Lejoyeux, chef du service de psychiatrie à l'hôpital Bichat, à Paris, et auteur de Révélez vos supers pouvoirs (publié chez Le Livre de poche), ce sont les signes d'une déprime hivernale. Distincte de la dépression, elle est le signe que l'on est en bonne santé.

"La maladie dépressive, qui se manifeste par une perte d'envie, une culpabilité, une fatigue prolongée, est une maladie qu'il faut reconnaître, traiter et consulter", explique-t-il. La dépression diffère de la déprime, qui ne relève pas du champ de la médecine mais de l'ordre de l'émotion. "Le temps est gris, il fait froid, vous n'avez pas envie de sortir, vous êtes un peu fatigué : cette émotion n'est en rien pathologique, c'est même un bon signe. Quand vous êtes quelquefois de meilleure humeur et quelques fois d'un peu moins de bonne humeur, c'est signe que vous êtes simplement un être humain normal. Il n'y que les robots qui sont tout le temps heureux et de bonne humeur."  Pour lutter contre cette sensation de tristesse ou l'irritabilité, on peut toutefois appliquer quelques conseils. 

Privilégier un environnement positif

Le professeur Michel Lejoyeux en est convaincu : la bonne humeur est contagieuse. "Des scientifiques italiens ont enregistré l'activité cérébrale de singes et se sont aperçus que lorsqu'ils mangeaient, leurs zones cérébrales qui déterminent la déglutition sont stimulées. Ça veut dire quoi ? Que lorsque l'on est dans un environnement favorable et positif, une contagion se développe", affirme le psychiatre. "À l'inverse, si on n'est entouré que de gens tristes, cette contagion émotionnelle peut se faire sur le mode de la tristesse."

Contempler des œuvres d'art et...

Pour être heureux, la beauté peut nous être utile et ce, grâce à la stimulation de certaines zones de notre cerveau. Dans ce cas, "vous vivez l'instant présent, en pleine conscience, et vous stimulez la zone cérébrale de l'esthétique", précise le professeur.

…des photos de proches

Autre cas étonnant : lorsque l'on regarde des photos de proches. "Quand on voit des photos de personnes auxquelles on tient, on va là aussi stimuler toutes ces zones cérébrales qui vont déclencher de la bonne humeur", affirme-t-il.

Bouger et sortir 

On l'a longtemps dit : pour aller bien, il faudrait faire des exercices de gymnastique cérébrale. Mais pour le professeur Michel Lejoyeux, cette méthode est inefficace, contrairement à la pratique d'une activité physique. "Marcher six minutes dans le froid augmente de 30% la fréquence cardiaque, tout comme le niveau de bien-être", lance le professeur. Alors, comment l'activité physique influe-t-elle sur notre bonne humeur ? Grâce à une "molécule magique facteur de croissance des neurones", répond le professeur Michel Lejoyeux. La totale sédentarité est donc à bannir. "Quand rien ne nous incite à bouger, quand il fait gris, que le temps est humide ou froid, il faut quand même garder ce super pouvoir du mouvement", conseille le psychiatre. 

Éviter les raclettes et le bœuf bourguignon

Une alimentation saine reste la clé pour se sentir bien, ce n'est plus à prouver. Le professeur Michel Lejoyeux préconise ainsi de "manger en fonction de l'énergie que l'on dépense". Un mode d'alimentation qui n'est parfois pas le plus adopté en hiver, saison des raclettes et des fondues. "Généralement, on se dépense un peu moins l'hiver donc sortons du mythe qu'il faut prendre beaucoup de sucre et de graisses", recommande le psychiatre, qui rappelle que "les habitudes alimentaires déterminent la santé cardiovasculaire et la santé des émotions". 

Le médecin conseille aussi de privilégier les cornichons, la choucroute et les yaourts, et plus généralement, tous les aliments qui font travailler le tube digestif. "Les personnes qui ont une alimentation saine, qui mangent ces aliments qui font travailler le tube digestif, ont globalement un niveau d'anxiété et dé dépression inférieurs", affirme le psychiatre, qui ne croit pas pour autant aux "aliments médicaments". "Méfions-nous de ne pas ouvrir un bocal de cornichons comme on ouvrirait une boîte d'antidépresseurs !", alerte-t-il. 

Stop aux shoots de sucre

Et si le sucre favorisait la sédentarité ? Le professeur Michel Lejoyeux y croit fermement. "Si vous donnez un régime très riche en sucres à des animaux de laboratoire, ils vont perdre leur capacité à passer d'une activité à une autre", explique le professeur. "On peut en prendre un petit peu, mais stop aux shoots de sucre, notamment l'hiver, surtout si c'est dans un contexte de sédentarité."

Boire des boissons chaudes 

C'est un geste très simple et intuitif et il pourrait, en plus, avoir un bon impact sur l'humeur. "Faire une expérience de pleine conscience devant un thé sur lequel on va se concentrer, en prenant le temps de le préparer, en le buvant doucement, va vous faire ressentir une expérience de bonne humeur", estime le professeur. "Tenir une boisson chaude provoque une vasodilatation des doigts, qui envoie un message positif au cerveau", ajoute-il. 

Écouter de la musique 

La musique n'est pas non plus à négliger pour être de bonne humeur, mais sous certaines conditions. "Il faut écouter une musique qui vous plaît, plutôt le soir et plutôt détendu physiquement", préconise le professeur Michel Lejoyeux. Il s'agit alors de "se donner cinq à dix minutes et de se concentrer sur l'instant présent", selon lui. Pour en rendre compte, il s'appuie sur un exemple concret : "si vous mangez une glace en même temps que vous écoutez une musique agréable, vous aurez l'impression que votre glace est plus sucrée que lorsque vous écoutez une musique qui vous déplaît."

S'entourer de verdure

Pour les citadins, mieux vaut, pour être heureux, vivre près d'un parc ou d'une forêt, d'après le professeur Lejoyeux. Cela s'explique par "un effet neurobiologique des couleurs qui vont avoir un effet de stimulation émotionnelle". "Même l'hiver, on regarde le ciel et ces couleurs de la nature qui vont envoyer un message positif au cerveau", conseille le psychiatre. 

Aller au sauna ou au hammam 

Un peu de chaleur pourrait aussi nous mettre de bonne humeur. "Une étude, qui vient de sortir dans une excellente revue nord-américaine mais qui demande à être confirmée, montre que trente minutes de chaud provoquent un effet équivalent à des antidépresseurs sur l'humeur, y compris chez des individus déprimés", rapporte le professeur Lejoyeux. Rien n’empêche donc de s'offrir des moments de chaud qui vont nous aider à résister à la morosité de l'automne et de l'hiver.