(Photo d'illustration) En Occitanie, 324 cas de rougeole ont été recensés depuis le début de l'année. 4:30
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Mélanie Gomez et Benjamin Peter, édité par Ugo Pascolo , modifié à
ENQUÊTE - A cause de la baisse de couverture vaccinale, la France voit resurgir des maladies que l'on pensait annihilées, comme la coqueluche ou la rougeole. Pourtant, ces maladies peuvent tuer, et les symptômes se développent dans toutes les tranches d'âge. 

La couverture vaccinale baisse en France. Et ce n'est pas sans conséquence : chaque mois des personnes meurent en France à cause de la réapparition de maladies infectieuses, des maladies qu'on avait oubliées dans notre pays.

La rougeole a par exemple refait surface dans plusieurs régions, dont l'Occitanie. Quelque 324 cas y ont déjà été recensés depuis le début de l'année. Parmi eux, 91 personnes ont même dû être hospitalisées dont 25 avec des complications très sérieuses comme des infections pulmonaires graves ou des problèmes neurologiques. Et si c'est l'Occitanie qui est la région la plus touchée par ce phénomène, ce n'est pas un hasard : c'est l'une des régions où l'on se vaccine le moins contre la rougeole : 80% de la population, voire 60% seulement par endroit comme dans l'Aude. Pourtant, l'OMS le dit : pour que ce virus arrête de circuler dans un territoire, il faudrait 95% de la population vaccinée !

324 cas de rougeole depuis le début de l'année en Occitanie

A Toulouse, l'école d'ingénieurs de Purpan a même fait face à une épidémie qui a frappé 17 étudiants en quelques jours. Cinq d'entre eux ont même été hospitalisés, et les festivités du centenaire de l'école ont tout simplement été annulées. "C'était raison gardée que de dire 'tant pis, la mort dans l'âme, on annule'", explique Eric Latgé, le directeur de cette école, qui attendait pour l'occasion 3.000 personnes. "Si je dois tirer un avantage de ça, c'est qu'ils se sont aperçus qu'il pouvait y avoir des conséquences", essaye-t-il de relativiser au micro d'Europe 1. "Parce qu'en arriver à annuler ce type d'événement, qui est tout de même très important pour l'école, ils se sont rendus compte que oui, il ne fallait pas rigoler avec ça". 

L'école a même mis sur pied une véritable campagne de prévention en demandant à tous ses étudiants de vérifier qu'ils étaient vaccinés. "Je suis rentré chez moi un week-end, j'ai récupéré mon carnet de santé et j'ai vérifié que j'avais bien mes deux doses nécessaires", confirme Alexandre, en seconde année. "C'était le cas, donc je suis tranquille", indique-t-il, soulagé. 

Cette méconnaissance de l'état vaccinal n'étonne pas la docteure Anne Guignard, de l'agence régionale de santé, qui a remarqué que les 18-24 ans sont très peu au courant de leurs vaccins. "Les gens pensent souvent que la rougeole est une maladie infantile, mais elle circule dans toutes les tranches d'âge", rappelle-t-elle. "Il existe des complications qui peuvent être graves. Elles peuvent être neurologiques, et dans un cas sur trois, cela peut conduire au décès".

Mais les jeunes adultes ne sont pas les seuls à être touchés par ce type de maladies que l'on pensait disparues : chaque année, en France, des enfants, des bébés même, meurent ou se retrouvent en soins intensifs parce qu'ils ne sont pas vaccinés. Une étude menée sur les cas de bébés et d'enfants de moins de 16 ans, hospitalisés ou décédés en réanimation pour une infection bactérienne grave les cinq dernières années, montre que dans la majorité des cas, ces enfants non vaccinés sont entrés à l'hôpital pour un méningocoque C ou un pneumocoque. 

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Deux bactéries qui provoquent des méningites et contre lesquelles on a pourtant des vaccins efficaces. Rien que dans le grand Ouest, on dénombre 20 décès, dont des bébés de moins d'un an, et une dizaine d'enfants qui ont gardé de graves séquelles.

L'entourage non vacciné peut contaminer

L'autre élément qui inquiète le corps médical, c'est la non-vaccination des familles qui viennent d'avoir un heureux événement, en particulier concernant la coqueluche. "On a des cas de coqueluche, qui sont souvent des formes graves, qui surviennent dans les trois premiers mois de vie avant que l'enfant ait été vacciné", explique le professeur Robert Cohen, pédiatre à l'hôpital intercommunal de Créteil. "La raison essentielle, c'est que l'entourage n'est pas assez vacciné. Ce sont des enfants qui sont dans un état sévère, qui justifie qu'ils aient de l'oxygène, qu'ils soient ventilés et hospitalisés sur des périodes relativement longues", détaille le spécialiste. 

Pourtant, en cas de doutes, il est très simple de savoir si l'on est vacciné : il suffit de prendre rendez-vous chez son médecin. A 25 ans, tout le monde est censé faire un rappel pour la coqueluche.