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Mélanie Gomez, édité par , modifié à
Europe 1 a pu joindre en exclusivité une patiente qui a été approchée par la structure à l'origine des essais cliniques sauvages réalisés en partie dans une abbaye près de Poitiers.
EXCLUSIF

Un essai clinique "sauvage", et donc illégal, a-t-il été mené sur des centaines de malades de Parkinson ou d'Alzheimer ? L'ANSM, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, vient d'interdire des tests menés en partie dans une abbaye près de Poitiers par la structure Fonds Josefa, avec notamment à sa tête le controversé professeur Henri Joyeux, connu pour sa bataille contre les vaccins. Des molécules aux effets inconnus y ont été testées notamment. L'ANSM a également saisi la justice.

Europe 1 a pu joindre en exclusivité une patiente qui a été approchée par la structure. Et les informations qu'elle nous transmet sont édifiantes.

Une participation d'au moins 1.000 euros

Pour cette patiente atteinte d'une forme légère de la maladie de Parkinson, la prise de contact par mail par un certain Fonds Josefa a commencé fin 2017. Nous avons pu lire ce premier mail et tous ceux qui ont suivi pour tenter de la recruter dans cette expérimentation sauvage. Tous les ingrédients d'une escroquerie scientifique semblent y être.

D'abord, l'abus de confiance : ces pseudos médecins promettent à la patiente sans aucune preuve que leur patch sera miraculeux contre Parkinson, maladie pour laquelle rien de curatif n'existe à ce jour.

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Mais ce n'est pas tout, loin de là. Selon ces mails, on explique aux patients que pour avoir la chance de participer à cet essai clinique, il va falloir compter sur leur générosité financière. Il a été demandé aux patients cobayes "les plus aisés" de verser au minimum 1.000 euros, davantage quand leurs moyens le permettent. Et selon la patiente que nous avons pu interroger, tout le monde était bien obligé de payer pour participer. 

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L'ANSM appelle les patients à ne plus utiliser les patchs 

Des éléments qui s'ajoutent au risque pour ces malades de tester une pseudo molécule dont on ne sait quasiment rien. Cet essai a été arrêté par l'Agence du médicament, qui ne l'avait jamais autorisé. Mais le vice-Président de ce fond Josefa, le très controversé Pr Henri Joyeux, se défend de pratiques douteuses. "Le président du Fonds Josefa, Jean-Bernard Fourtillan, a découvert une hormone qui peut être utile pour les patients. J'ai confiance dans sa découverte", assure-t-il. "Donc, je ne vois pas ce qu'on vient nous sortir avec cette abbaye ! Il a trouvé un endroit où ce n'était pas cher de faire ce qu'il avait envie de faire. Ce n'est pas une étude clinique, ça n'a rien à voir !".

Or, selon les documents qu'Europe 1 a pu se procurer, la fiche d'inclusion que les patients devaient remplir avant de s'inscrire comporte bien le terme "essai clinique préliminaire".

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L'ANSM insiste toutefois : les patients qui ont participé à cette expérimentation sauvage ne doivent évidemment surtout plus utiliser ces patchs et consulter leur médecin. Vendredi matin, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a elle aussi condamné fermement ses pratiques et a assuré qu'il y aura des poursuites.