Obésité : "la sédentarité au travail favorise grandement la prise de poids"

De nombreux salariés passent leur journée de travail devant un bureau. Une sédentarité qui conduit souvent à une prise de poids.
De nombreux salariés passent leur journée de travail devant un bureau. Une sédentarité qui conduit souvent à une prise de poids. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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A.H.
De plus en plus de Français sont obèses. Au travail, des solutions concrètes existent pour mieux prévenir les risques et encourager les salariés dans leurs démarches pour perdre du poids.
INTERVIEW

56,8% des hommes et 40,9% des femmes souffrent de surpoids ou d'obésité en France, selon une étude publiée dans le Bulletin épidémiologiste hebdomadaire et rapportée mardi par Le Monde. Un constat accablant pour lequel le travail d'aujourd'hui détient une part de responsabilité. Malbouffe, sédentarité, rythmes différés… Les facteurs de risque sont nombreux. Le Dr Laurence Plumey, diététicienne et médecin nutritionniste à l'hôpital Necker à Paris, prône une grande ambition dans la prévention et l'accompagnement des salariés en surpoids.

En quoi le travail d'aujourd'hui a modifié notre rapport au sport et à la nourriture ?

Le travail, les gens y vivent entre 8 heures et 10 heures par jour. Et de plus en plus souvent, derrière un bureau. Cette sédentarité favorise grandement la prise de poids. Si elle dure, elle peut conduire au stade de l'obésité et à un risque accru de développer des maladies cardio-vasculaires. Aujourd'hui, on marche en moyenne 500 mètres à 1 km par jour… Bien loin des 10.000 pas recommandés par jour.

De plus, il n'est pas rare de voir des réunions de travail programmées au moment de la pause de midi. Résultat : les salariés se précipitent sur les distributeurs pour acheter des barres chocolatées hyper sucrées, des bonbons, etc. En rentrant chez eux le soir, ils sont affamés et se préparent un gros repas. Or, le soir, il faut manger léger. Et bien souvent, leurs horaires ne leur permettent pas d'aller faire de sport après leur journée de travail. Ils sont fatigués et n'ont qu'une envie : rentrer chez eux.

Sur l'obésité, il y a des professions que j'appellerais "sinistrées". Les personnes qui travaillent la nuit sont très souvent sujettes au surpoids, leur rythme alimentaire est parfois totalement déréglé. Rien n'est fait pour eux ! Dans les entreprises, on leur dit "débrouillez-vous".

Les entreprises ont-elles vocation à intervenir sur ces questions ?

Oui, car l'obésité et les nombreuses maladies qui en découlent pèsent sur l'entreprise. Un salarié en mauvaise santé est un salarié qui prendra davantage d'arrêts de travail, qui coûtera très cher au système de santé. Malheureusement, le levier économique est sans doute celui qui sera le plus efficace dans cette lutte contre le fléau de l'obésité.

Il faudrait que les entreprises soient encouragées, "félicitées" pour les efforts en matière de lutte contre le surpoids de leurs salariés. Les entreprises pourraient par exemple mettre à disposition de ses employés une cafétéria pour celles et ceux qui ne prennent pas le temps de déjeuner le matin, avec des fruits, des yaourts… Mais aussi pourquoi pas, pour celles qui le peuvent, une salle de sport. Je prône aussi un meilleur suivi des salariés dans les entreprises, en accord avec la médecine du travail. 

Avant ces grands changements, quelles sont les astuces concrètes à adopter pour lutter contre l'obésité ?

Marcher le plus possible et privilégier les escaliers. Si vous devez aller aux toilettes, préférez celles du troisième étage. Plutôt que d'envoyer un mail à votre collègue, allez le voir directement. Vous dépenserez déjà quelques calories. Ils peuvent aussi suggérer à leurs entreprises d'organiser des conférences de sensibilisation. C'est un effort collectif à mener.