Nodules, gonflements, palpitations... Tout savoir sur le dérèglement de la thyroïde

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Tiffany Fillon
Dans "Sans Rendez-vous", mercredi, Emmanuelle Lecornet-Sokol, endocrinologue à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris fait le point sur les maladies liées à la thyroïde. Symptômes, traitements et opération, elle donne ses conseils pour gérer les dysfonctionnements de cette glande parfois difficiles à vivre au quotidien. 

Comment détecter un problème de thyroïde ? Que faire pour se soigner ? Invitée dans Sans Rendez-vous, mercredi, Emmanuelle Lecornet-Sokol, endocrinologue à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris et auteure du livre Et si c’était hormonal ? chez Hachette Bien-être, explique en détails les causes et les conséquences du dérèglement de cette glande située dans le cou.

Repérer des nodules dans le cou

Selon la médecin, un dérèglement de la thyroïde peut se manifester par des nodules au niveau de cette glande. Des boules qui peuvent être remarquées facilement. "Par exemple, si vous mettez de la crème le matin ou si vous vous rasez et vous avez une sensation de gonflement en bas du cou", précise Emmanuelle Lecornet-Sokol qui ajoute que "l'on peut aussi avoir la voix cassée ou des ganglions dans le cou". D'autres symptômes peuvent se manifester, comme "une douleur, un essoufflement en marchant ou en montant les escaliers ou une gêne lorsque l'on avale". Le plus souvent, les patients n'ont pas de symptômes, d'après l'endocrinologue. Selon elle, si l'on remarque la présence de nodules, pas besoin de s'inquiéter pour autant. "Ce sont des petites tumeurs qui, pour la plupart, sont bénignes".

Pour détecter ces boules dans le cou, "l'examen clé est l’échographie", assure Emmanuelle Lecornet-Sokol, qui tient à rassurer. "Ces échographies sont très performantes et les experts savent analyser de manière fine ces nodules. En fonction de leurs caractéristiques, le médecin peut arriver d'emblée à savoir si le nodule st inquiétant ou non". Si les nodules sont inquiétants, alors le spécialiste réalise une "ponction avec une aiguille très fine qu'il insère dans le nodule", explique l'endocrinologue. Le but est de "retirer des cellules pour les analyser au microscope". Une opération sera ensuite nécessaire seulement si les cellules sont suspectes ou cancéreuses. Il s'agit alors de "retirer la moitié ou toute la thyroïde en fonction des cas", selon la médecin. 

En cas de cancer de la thyroïde, Emmanuelle Lecornet-Sokol explique qu'il ne faut pas s'inquiéter. "Il y a à peu près 10.000 cas par an et dans plus de 80% des cas, le cancer guérit. Les taux de rémission sont très élevés", estime-t-elle. 

Hypothyroïdie et hypertyroïdie

Le dysfonctionnement peut aussi se manifester par de l'hypotyroïdie : le fait de ne pas avoir assez d'hormones thyroïdiennes. Quels sont les symptômes ? "Le patient se sent fatigué, a des difficultés de concentration à avoir de l'attention et peut prendre du poids,. Son transit est également ralenti. Le cœur a tendance à battre plus lentement et le patient se sent frileux", explique la médecin. "Grâce à une prise de sang, le spécialiste se rend alors compte que l'hormone qui commande la thyroïde, la TSH, est très haute."

Si cette maladie est "très rare chez l'enfant", "elle peut se déclencher chez l'adolescent" et "touche le plus souvent les quinquagénaires", précise Emmanuelle Lecornet-Sokol, qui note un "pic d'apparition chez les jeunes femmes vers vingt ans". La médecin indique également que les maladies de la thyroïde sont souvent héréditaires.

Autre pathologie de la thyroïde : l'hyperthyroïdie, qui développe chez les patients des symptômes bien différents de l'hypotyroïdie. Ils peuvent se sentir "très irritables, remarquer une perte de poids, avoir des coups de chaud, des diarrhées, des palpitations ou encore des tremblements", détaille Emmanuelle Lecornet-Sokol. Lors de la prise de sang, l'hormone qui contrôle la thyroïde sera cette fois très basse. "Cette fois, le médecin prescrit des médicaments qui bloquent la thyroïde. Il les administre pendant plusieurs mois. Souvent, à l'arrêt du traitement, la maladie est terminée. Si, elle revient, cela signifie que d'autres causes sont responsables du dérèglement, comme un nodule". Cela peut se solder par la destruction de la thyroïde. 

Un traitement médicamenteux pour recouvrer l'équilibre

En France, quels sont les traitements pour réguler la thyroïde ? "On a la chance d'avoir un traitement qui remplace la thyroïde qui ne fonctionne pas grâce à la lévothyroxine, des hormones thyroïdiennes", affirme l'endocrinologue qui revient sur le scandale du Lévothyrox. "Des patients ont mal tolérés le changement d'excipient de ce médicament", assure Emmanuelle Lecornet-Sokol. "Heureusement, on a maintenant d'autres marques avec différents excipients. Grâce à ce panel, la plupart des patients arrivent à retrouver un équilibre. La production de l'ancienne formule du médicament sera arrêtée en septembre. J'invite donc les patients à aller voir leur médecin pour les aider à trouver un médicament qui leur corresponde".  

Les problèmes de thyroïdes sont malheureusement très fréquents, même si les progrès de la médecine sont d'une grande aide pour les patients. "Il y a de plus en plus de cas car aujourd’hui"hui, ces dysfonctionnement sont dépistés très facilement par des prises de sang faciles et peu coûteuses", indique Emmanuelle Lecornet-Sokol. Elle estime également que les"perturbateurs endocriniens qui pourraient aussi atteindre la thyroïde". Des tests sont à l'étude pour le détecter.