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Romain David
La part de produits industriels sans additif est passée de 13 à 18% selon une étude de l'Anses. Toutefois, la communauté scientifique manque encore de données pour déterminer les conséquences de ces composants chimiques sur la santé du consommateur.

E-333, E-249 ou E-283...  ces sigles qui parcourent les listes d’ingrédients des produits alimentaires sont généralement peu connus du consommateurs. Colorants, émulsifiants ou exhausteurs de goûts... il s’agit d’additifs alimentaires qui viennent relever le goût ou modifier l’apparence des aliments industriels préparés. Or, si la part de produits sans aucun additif est passée de 13 à 18% - à en croire une étude de l’Agence de sécurité des aliments (Anses) publiée mercredi, et qui passe au crible 30.000 produits -, les effets réels de ces composants sur la santé restent toutefois largement méconnus.

"Des travaux conduits dans la cohorte Nutrinet-Santé, sur plus de 100.000 adultes français, ont montré des risques associés à des consommations d’aliments ultra transformés, qui pour beaucoup contiennent des cocktails d’additifs alimentaires", relève auprès d’Europe 1 Mathilde Touvier, qui dirige l'équipe de recherches en épidémiologie nutritionnelle à l'Inserm. "On a vu une association avec l’augmentation du risque de cancers, de maladies cardiovasculaires et d’autres pathologies", indique cette nutritionniste qui pointe surtout les risques liés à l’accumulation de différents additifs au sein d’un même aliment.

Si 78% des produits étudiés par l’Anses contiennent des additifs, 53% en contiennent trois et 4% en utilisent plus de dix. À ce stade toutefois, la communauté scientifique manque cruellement de données pour parvenir à déterminer leurs effets réels sur la santé. "Un gros travail est fait par l’Agence européenne de sécurité sanitaire pour évaluer ces additifs mais les chercheurs ne peuvent se baser que sur les données disponibles qui sont principalement des données expérimentales (c’est-à-dire des données issues d’études conduites in vitro ou sur des animaux, ndlr)", explique Mathilde Touvier. "On manque cruellement de données sur la santé humaine à long terme", déplore cette scientifique.

En parallèle de l’étude conduite par l'Anses, la Ligue contre le cancer, l'application Yuka et l'ONG Foodwatch ont lancé mercredi une pétition pour mettre fin à l’utilisation des sels de nitrite, parfois signalés sur les étiquettes sous les codes E249, E250, E251 et E252 et généralement employés dans la charcuterie. Ces trois organisations dénoncent notamment leur implication dans certains cancers digestifs.