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Yasmina Kattou / Crédits photo : ALINE MORCILLO / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP , modifié à
La loi sur la fin de vie était présentée mercredi matin en Conseil des ministres. Elle prévoit d'accompagner des malades qui souffriraient de maladies graves et incurables, qui leur infligeraient des souffrances insupportables. Pour bénéficier du dispositif, il faut notamment que le pronostic vital soit engagé à moyen terme pour les malades incurables. Mais la notion de "moyen terme" est ambiguë. 

Les soignants tirent la sonnette d'alarme. Ils sont presque incapables de donner un pronostic vital fiable pour les patients en fin de vie. C'est pourtant l'un des critères essentiels pour bénéficier de l'aide à mourir, mesure phare du projet de loi présenté mercredi en Conseil des ministres. Il faut que ce pronostic vital soit engagé à moyen terme pour les malades incurables. La notion de "moyen terme" semble difficilement appréhendable. 

"La statistique n'ayant aucune valeur individuelle"

Plusieurs mois, voire un an, voilà à quoi correspondrait un pronostic vital engagé à moyen terme. D'après Jean-Yves Blay, président d'Unicancer la fédération française des Centres de lutte contre le cancer, le définir est un exercice délicat. Il est lui-même incapable de donner une réponse formelle à ces patients.

"Les patients nous demandent : qu'est ce qu'on peut estimer comme espérance de vie ? On va donner une moyenne statistique. La statistique n'ayant aucune valeur individuelle. Très souvent, on se trompe. Ce genre de situation a été assez fréquente en ce qui me concerne. Ça dépend de trop de facteurs pour qu'on puisse être extrêmement précis", explique-t-il au micro d'Europe 1.

"La vie et les individus nous donnent souvent tort"

Des difficultés aussi rencontrées par Sophie Moulias de la Société Française de Gériatrie et Gérontologie. Elle rappelle que l'état d'un patient peut varier : "Pendant ce moyen terme, il peut se passer plein de choses. Le psychique joue beaucoup. L'état de santé à tous les moments de la vie du sujet influence son espérance de vie. Cet état peut s'améliorer. C'est pour ça que je me garde bien de ce type de pronostic. La vie et les individus nous donnent souvent tort".

Par ailleurs, pour certaines maladies comme le cancer, un pronostic pessimiste peut évoluer favorablement grâce à l'autorisation de nouveaux traitements ou l'intégration à un essai clinique.