L'application «MonPsy» amène pour la première fois des patients chez le psy

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L'application attire des patients "qui ne seraient jamais venus sans MonPsy". (Illustration) © Laure Boyer / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
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avec AFP
L'application "MonPsy" lancée le mois dernier en France a permis de faire venir des personnes en situation précaire, souvent pour la première fois, chez le psy. Annoncé par Emmanuel Macron en septembre 2021, le dispositif a réuni plus de 1.300 psychologues volontaires, mais une partie de la profession dénonce une "poudre aux yeux".

"Ces nouveaux patients ne seraient jamais venus sans 'MonPsy'" : un mois après son lancement ce dispositif, offrant huit séances de soutien psychologique remboursées par la Sécu, permet à des personnes précaires de rencontrer, souvent pour la première fois, un psychologue. Lancé par le gouvernement début avril, "MonPsy" permet aux patients de plus de trois ans présentant des troubles "légers à modérés" de bénéficier d'un entretien-bilan et de sept séances de soutien psychologique remboursées.

Un "coup de pouce" de la sécu

Fabienne Asiani a son cabinet à Pierrefitte-sur-Seine et s'est inscrite à ce dispositif. "La Seine-Saint-Denis est un département socialement très impacté, je vois des réfugiés politiques, avec 265 euros par mois, des personnes bénéficiaires des Restos du Cœur", autant de personnes qui n'auraient jamais pu financer une consultation avec un psychologue sans ce coup de pouce de la Sécu, explique-t-elle.

MonPsy lui permet aussi d'adopter une approche différente avec ses patients : une "psychologie de l'engagement, qui allie psychologie et orientation vers des structures" de droit pour des femmes victimes de violences, ou sociales pour des patients surendettés ou sans logement, dit-elle. 

Des patients qui ne seraient jamais venus sans "MonPsy"

Également installé en Seine-Saint-Denis, à Villemomble, Laurent Wajs craignait, lui, un "effet d'aubaine" lié à la gratuité, lorsqu'il s'est porté volontaire. Finalement, il rencontre des patients "qui ne seraient jamais venus sans 'MonPsy'". "Ce sont pour la plupart des personnes qui travaillent, mais dont l'obstacle (à prendre rendez-vous) était financier", dit-il à l'AFP. "Beaucoup d'entre eux n'avaient donc jamais consulté".

Pour être remboursés par la Sécu, les patients doivent avoir une lettre d'orientation d'un médecin, une disposition critiquée par une partie des psychologues. Mais pas par Laurent Wajs. Il ne travaille presque qu'avec des médecins et leurs deux professions sont complémentaires, souligne-t-il. "On part d'un système où il n'y avait rien, avec un délai d'attente de six mois minimum dans les CMP, centres médico-psychologiques, (qui dispensent des soins gratuitement). Les délais pour obtenir un rendez-vous avec un psychologue à travers le dispositif "MonPsy" s'allongent, constate-t-il, "mais on est loin des six mois".

1.300 psychologues volontaires

Depuis le lancement du dispositif, 1.300 psychologues se sont portés volontaires pour la France métropolitaine. Une psychologue, qui exerce en zone rurale en Auvergne et qui veut rester anonyme, regrette que les volontaires ne sont pas assez nombreux. "Les gens n'ont pas d'argent", y compris dans ces départements très ruraux. Et "les psychologues ne sont pas présents" comme ils le sont à Paris ou dans les grandes villes. Parmi ses nouveaux patients, une jeune fille de 13 ans et une dame de 79 ans. "Les profils et les pathologies sont très hétérogènes", relève-t-elle.

Une de ses consœurs, au nord de Paris, inscrite dans le dispositif "MonPsy", dit ne pas pouvoir répondre à toutes les demandes de prise en charge (elle en reçoit deux à trois par jour). "Dans tous les métiers du 'care', il y a une vraie pénurie de personnel", soupire-t-elle. Elle voit dans ce dispositif l'occasion pour de jeunes psychologues de se lancer avec un cabinet. 

Dès l'annonce en septembre 2021 par Emmanuel Macron, une partie de la profession avait appelé au boycott de ce qu'ils qualifient de "poudre aux yeux". Ils pointent des tarifs jugés trop bas (40 euros la première séance, 30 euros les suivantes) et de l'exclusion des cas les plus graves. Les psychologues rappellent surtout que le suivi psychologique dans le secteur public (hôpitaux et CMP), lui aussi gratuit, souffre d'un sous-financement chronique depuis des années.