LA QUESTION SEXO - Qu'est ce que la pansexualité ?

Pansexualité drapeau
Le drapeau pansexuel. © Pixabay
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Catherine Blanc
Marlène, pansexuelle, éprouve des difficultés à parler de son orientation à ses proches. La psychiatre et sexologue Catherine Blanc lui répond dans l'émission "Sans Rendez-vous" sur Europe 1. "Ce terme désigne le fait que le désir amoureux et sexuel peuvent se porter sur les deux genres", explique-t-elle. 

Un attirance pour tous les genres. La pansexualité est une orientation sexuelle qui s'affirme de plus en plus. Mais comment en parler à ses proches ? Marlène, auditrice d'Europe 1, s'interroge. Pour Catherine Blanc, sexologue et psychiatre, ce terme peut poser plusieurs questions sur le fond et renvoie à la "complexité de l'humain" dans son désir et son sentiment amoureux. Elle livre son analyse sur ce mot mis en avant par des "stars", selon elle. "Je crois qu'on devrait aussi ne pas être toujours dans la liberté d'exprimer sa sexualité", assure la chroniqueuse.

La question de Marlène

"Je suis pansexuelle. Dans une relation avec quelqu'un, je ne fais pas vraiment attention à son genre, mais plutôt aux sentiments et à l'intuition. J'ai du mal à en parler avec mon entourage, auriez-vous des conseils à me donner ?"

La réponse de Catherine Blanc

"Il y a régulièrement des nouveaux mots qui sont créés autour de la sexualité, comme si chacun avait besoin de se définir dans sa singularité, puis de décider à quel groupe il appartient. La pansexualité flirte avec la bisexualité. Ce terme désigne le fait que le désir amoureux et sexuel peuvent se porter sur les deux genres. Tandis que la pansexualité, c'est le désir sexuel ou amoureux pour l'autre, quel que soit son genre. Une personne pansexuelle ne tient pas compte du genre de l'autre. La différence est subtile.

On peut se poser la question dans le fond : est-ce qu'on peut vraiment dire qu'on aime quelqu'un indépendamment de son sexe ? Parce que ce serait à penser que l'on aime l'autre uniquement parce qu'il a un sexe. C'est toujours un peu compliqué. C'est pour ça que ce sont souvent les stars qui sont à l'origine d'une manifestation, d'une exhibition, de leur choix amoureux et sexuels. Et qui, tout d'un coup, mettent en avant un terme. Dans tout ça, il y a la complexité de l'humain, du désir humain ou de l'amour. Cela rend compte de plein de choses un peu complexes.

Se dire : 'Est-ce que j'aime l'autre sexe ou est-ce que j'aime l'autre pour l'autre ?', dans la réalité, je ne suis pas sûre qu'on sache toujours très bien faire la différence.

Le terme de pansexualité signifie-t-il que la personnalité compte plus, plutôt que le genre ?

C'est ça. Mais est-ce que ce n'est pas vrai chez les hétérosexuels ou les bisexuels? C'est ce qui est compliqué; parce que cela ne concerne pas que la sexualité, puisque c'est même l'élan amoureux.

Or, dans l'élan amoureux, on peut aimer très fortement quelqu'un avec qui on ne va pas se consommer sa sexualité. Imaginons un hétérosexuel qui aime très fort une amie sans pour autant la désirer sexuellement, c'est une amie fortement aimée, comme un ami fortement aimé. Et dès lors que l'on met de la sexualité et donc de l'excitation et du désir, c'est un peu curieux de se dire qu'on n'a pas pensé qu'il avait lui-même un sexe, donc un genre.

Pourquoi a-t-elle du mal à évoquer cette orientation sexuelle avec son entourage ?  

Je crois qu'on devrait aussi ne pas être toujours dans la liberté d'exprimer sa sexualité. Je pense que, ce qui n'est pas clair, c'est peut-être que ce terme ouvre tout le champ des possibles, mais ne l'aide pas à bien se situer en réalité.

On est dans quelque chose qui est très large. Il y a peut-être la peur d'effrayer les autres, d'être jugée. Mais je ne suis pas sûre que ce soit propre à la pansexualité. On pourrait également parler d'homosexualité. L'hétérosexualité, considérant que c'est la majorité, cela apparaît plus facile à exprimer. Or, je vous assure que pour le nombre de gens, parler de leur sexualité, même hétérosexuelle, est compliqué.

Parce que, d'ailleurs, est ce qu'on a à parler de notre sexualité avec quelqu'un d'autre que la personne avec qui on la partage ? C'est une question qui se pose, mais je ne trouve pas que ce soit une obligation. On est dans une situation et une période de l'histoire, où l'on se croit vraiment du devoir de dire qu'on est acteur de notre sexualité, qu'on a des choix, des pratiques. Or, cela ne concerne pas les voisins. On n'est pas obligé de les faire entrer dans notre chambre à coucher."