LA QUESTION SEXO - Comment faire des rencontres malgré le contexte sanitaire ?

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Catherine Blanc , modifié à
Dans l'émission "Sans rendez-vous" sur Europe 1, Catherine Blanc, psychanalyste et sexologue à Paris, répond à la question de Deborah. Cette auditrice de 34 ans raconte qu'elle aimerait bien fonder une famille car elle considère être à "un âge charnière". Elle se demande comment faire malgré les restrictions liées au contexte sanitaire.

La période d'épidémie de Covid-19 ne semble pas propice aux célibataires qui veulent faire des rencontres. Dans l’émission Sans rendez-vous sur Europe 1, la sexologue et psychiatre Catherine Blanc répond à la question de Deborah, une auditrice de 34 ans qui souhaite fonder une famille mais craint de ne pas y parvenir en raison du contexte sanitaire. Pour cette femme, qui pense être à "un âge charnière", les restrictions liées au Covid-19 lui font perdre du temps et elle se demande comment faire.

La question de Deborah

"J'ai 34 ans et j'aimerais bien rencontrer quelqu'un et fonder une famille. Avec le contexte de l'épidémie qui impose un couvre-feu, un confinement etc., c'est de plus en plus difficile de rencontrer des gens. Et j'ai peur de passer à côté d'une potentielle rencontre. J'ai peur de perdre du temps en fait, d'être dans un âge charnière, qu'en pensez vous ?"

La réponse de Catherine Blanc

"C'est sûr que ça ne donne pas l'opportunité de multiplier les rencontres. Pour autant, ça n'enferme pas. Même confinés chez nous, nous avons des moyens de communication avec l'extérieur. Quand on va faire ses courses ou sortir son chien, on est susceptible de rencontrer quelqu'un, même un peu masqué et même si il ou elle est limité(e) par le temps et doit rentrer chez lui. Les relations existent encore. Si on a 34 ans et qu'on se dit qu'on est dans un âge charnière, on est dans une sorte d'urgence, parce qu'on ressent qu'il y a la biologie qui crie à l'urgence.

Deborah semble vraiment insister sur son âge...

C'est une question qui aujourd'hui, finalement, prend la tournure de l'excuse du Covid et de la réalité du Covid. Mais c'est une question que j'entends tout le temps ! Tout à coup, j'ai 34 ans, je voudrais pouvoir fonder un couple et une famille et je suis dans un âge charnière avec une urgence, donc je suis inquiète. Le Covid ajoute de l'inquiétude évidemment. Mais il n'empêche pas pour autant. En tout cas, il questionne toujours la même difficulté de se donner la liberté de pouvoir rencontrer quelqu'un, puis de se poser et de faire confiance à la personne qu'on a rencontrée.

On ne peut donc pas être un loup solitaire ?

Nous ne sommes pas une race qui a l'habitude de vivre seule, ou s'épanouit dans le fait d'être seule. Il y en a certains qui aiment cela, qui sont en difficulté pour être avec les autres... Mais fondamentalement, comme les Bonobos, nous vivons en communauté. Nous avons besoin des uns et des autres.

Nous sommes tous interdépendants et cela va bien au-delà de fonder une famille ou de faire des enfants. Même si on n'a pas ce projet-là, on est tous dans le besoin les uns par rapport aux autres. C'est là-dedans que nous nous épanouissons, que nous trouvons notre joie. Même s'il nous faut apprendre, aussi, à être source de notre propre bonheur.

Est-ce que le Covid crée une sorte d'urgence sentimentale pour les célibataires ?

Effectivement, car le temps s'allonge à cause de quelqu'un d'autre que soi. Tant qu'on est dans une difficulté soi-même de construire une relation, on se dit qu'on est en train de travailler, que ce n'est pas la bonne personne, qu'on est sur d'autres sujets... Tandis que là, c'est une injonction qui est extérieure à soi et donc d'autant plus difficile à vivre, parce qu'on est interdit par le gouvernement aujourd'hui, par exemple, à cause du Covid.

Finalement, à l'échelle d'une vie, le coronavirus est seulement un empêchement de quelques mois...

Ce n'est pas long à l'échelle du temps accordé pour pouvoir se rencontrer. Surtout que ça peut être tout à coup. On peut tout à coup rencontrer quelqu'un et tout de suite se sentir en adéquation et tout de suite construire une relation. Donc ces six ou neuf mois paraîtraient tout à fait légers.

Mais je crois que la question de Deborah raconte bien autre chose. Ça raconte son urgence à elle, parce que dans la biologie féminine, elle a largement le temps bien évidemment. Plusieurs années encore devant elle. Mais elle a une peur de devenir infertile et c'est une peur que le Covid accentue."