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Cédric Chasseur , modifié à
Le professeur Bertrand Dautzenberg s'oppose à Donald Trump. Invité dans le journal de la mi-journée sur Europe 1, ce pneumologue et tabacologue dédouane la cigarette électronique, dont l'utilisation serait dangereuse.
INTERVIEW

Pour lui, pas question d'interdire une alternative au tabac. Le professeur Bertrand Dautzenberg s'est prononcé jeudi au micro d'Europe 1 contre le projet de Donald Trump d’empêcher la vente des cigarettes électroniques aromatisées, responsable selon les autorités sanitaires américaines d'une véritable épidémie, notamment chez les adolescents. Ce pneumologue et tabacologue estime que "la cigarette électronique est innocente" contrairement aux produits inhalés. "Des gens, par mésusage manifeste, mettent de façon aberrante de l'extrait huileux de cannabis dans les cigarettes électroniques. Cela fait comme de la mayonnaise et cela détruit les poumons. C'est pour cela qu'ils sont malades".

Un contrôle strict en France

Ces liquides, dont la liste des additifs sont très nombreux, sont interdits à la vente en Europe et ne sont pas commercialisés sur notre territoire. Contrairement aux 35.000 produits autorisés à la vente par l'ANSES, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail. "C'est comme si des gens conduisait une voiture avec dix grammes d'alcool et que l'on accusait la voiture. La cigarette électronique est innocente. Elle a été utilisée comme outil pour introduire un produit toxique non adapté dans le poumon."

Incontestablement nocives pour l'OMS

Le professeur Bertrand Dautzenberg fait donc la différence entre la cigarette électronique et les produits que l'on y ajoute. Il se range d'ailleurs à 100% derrière l'avis de l'OMS, l’Organisation Mondiale de la Santé, qui a jugé incontestablement nocive l'e-cigarette pour ses utilisateurs. Mais si "la cigarette électronique n'est pas un produit anodin, c'est un moindre mal par rapport à la cigarette." Et pour le prouver, le pneumologue et tabacologue a ses chiffres. "Un jeune qui démarre la cigarette électronique a une chance sur six de devenir fumeur un an après, alors que celui qui commence par la cigarette sera fumeur dans un cas sur deux."

Le mauvais exemple américain

Alors, quand les Etats-Unis menacent d'interdire à la vente les cigarettes électroniques, comme c'est déjà le cas à San Francisco, le professeur Bertrand Dautzenberg s'interroge sur la méthode américaine. "Il y a un effondrement du taux de fumeur chez les jeunes dans les lycées, à environ 3,8%. Donc la cigarette électronique n’apparaît pas comme un produit d'entrée en tabagisme massif chez les adolescents, mais plutôt comme un concurrent ou au moins un produit indifférent. L'Europe est beaucoup plus raisonnable que les Etats-Unis, tout à fait excessive dans leurs mesures pour ou contre ces produits."