Quatre femmes ayant porté le dispositif contraceptif Essure ont commencé à mener une action à l'encontre de l'Etat. 2:00
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Jean-Luc Boujon, édité par Jonathan Grelier
Quatre femmes qui ont porté le dispositif contraceptif Essure, commercialisé par le laboratoire Bayer jusqu'en 2017, ont pointé lundi ce qu'elles considèrent comme des carences de l'Etat dans sa mission de surveillance sanitaire. "Un jour vous ne pouvez plus travailler. D'un seul coup, vous n'êtes plus que l'ombre de vous-même", témoigne au micro d'Europe 1 l'une des victimes de ces implants.

L'État a-t-il failli dans sa mission de police sanitaire ? Plusieurs anciennes porteuses d'implants contraceptifs Essure pointent en tout cas ce qu'elles considèrent comme des carences des pouvoirs publics. Quatre d'entre-elles ont même annoncé lundi devant la presse vouloir "agir contre l'Etat", réclamant notamment une étude indépendante et des indemnisations. Selon elles, la toxicité de ces implants aurait pu être prévenue.

"Non seulement le dispositif est toxique, mais on pouvait le savoir"

Ces quatre victimes ont fait réaliser à leurs frais des analyses par un laboratoire indépendant. Celles-ci révèlent la toxicité des implants qui relâcheraient dans l'organisme des particules toxiques d'étain. Pour Me Stephen Duval, leur avocat, les autorités sanitaires devaient être au courant de cette toxicité avant la commercialisation du dispositif. "Non seulement le dispositif est toxique, mais surtout, on pouvait le savoir. Depuis 2004, les informations étaient déjà présentes dans les études pré-cliniques et l'Etat aurait pu prévenir ces éléments-là s'il avait assuré sa mission de police et de surveillance. Il ne l'a pas fait et nous agissons contre lui compte tenu de sa carence", affirme l'avocat.

La ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn a été informée de la démarche des victimes alors qu'une procédure doit prochainement être lancée devant le tribunal administratif. Si l'Etat ne reconnaît pas de faute, une autre action, en cours contre le laboratoire Bayer, pourrait aussi aboutir.

"D'un seul coup, vous n'êtes plus que l'ombre de vous-même"

Les victimes ressentent aujourd'hui "des douleurs musculaires, articulaires, une très grande fatigue, des douleurs gynécologiques, des troubles visuels, des migraines", énumère au micro d'Europe 1 Brigitte, une Lyonnaise faisant partie des victimes. Au moment de la pause de son implant, elle a 43 ans et ne souhaite plus avoir d'enfants. Son médecin lui indique cette nouvelle solution, l'implant métallique Essure, afin d'éviter une intervention chirurgicale comme la ligature des trompes. Sa vie bascule. "Un jour vous ne pouvez plus travailler. D'un seul coup, vous n'êtes plus que l'ombre de vous-même. Vous avez l'impression d'avoir 80 ans mais vous en avez 50. C'est une descente aux enfers", témoigne-t-elle.