Alice Desbiolles, épidémiologiste, était l'invité d'Europe 1. 4:20
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Alice Desbiolles, épidémiologiste, était l'invitée d'Europe 1 ce mercredi matin. Pour la scientifique, interviewée au micro de Sonia Mabrouk, le nombre de contamination "n'est pas un indicateur pertinent". Face au virus, elle appelle à prendre en compte d'autres données comme le nombre d'entrées en réanimation. 

"Il faut arrêter de se focaliser sur ces contaminations", insiste Alice Desbiolles, épidémiologiste invitée au micro de Sonia Mabrouk ce mercredi matin sur Europe 1. Pour le médecin, il est avant tout nécessaire de se concentrer, plutôt, sur le nombre "d'entrées en réanimation" et le nombre de "formes graves" au lieu de se pencher sur ces contaminations "vertigineuses".

"Mourir à petit feu dans les ères de confinement chronique"

"Si on continue à se focaliser sur des indicateurs qui ne sont pas les bons, on entretient un climat très anxiogène et encore une fois, on n'agit pas de manière ciblée", rappelle Alice Desbiolles. La scientifique plaide pour un "changement de paradigme" pour ne pas se condamner et condamner les autres "à mourir à peu feu dans des ères de confinement chroniques et de pandémies chroniques".

"Je pense que toutes ces histoires de pass sanitaires, de pass vaccinale, de confinement, de restriction, tout ça, ce n'est pas un vocable du champ lexical de la médecine et de la santé publique", déclare l'épidémiologiste en réponse aux déclarations d'Olivier Véran, ministre de la Santé, qui avait alors décrit le pass vaccinal comme un moyen de sauver des vies

"Je suis médecin, je suis bien sûr la première à vouloir sauver des vies, à ne pas vouloir dégrader la santé des individus. Mais je pense qu'il faut encore une fois évaluer aussi les politiques publiques et évaluer les dispositifs qui sont mis en place", analyse Alice Desbiolles, estimant que les restrictions sanitaires font "plus de dommages que de bien".

La santé mentale et des enfants "ravagée"

L'épidémiologiste alerte, par ailleurs, sur les conséquences invisibles du Covid-19 comme la santé mentale ou la santé des enfants aujourd'hui "ravagée" et "dégradée", et pas uniquement sur les indicateurs d'hospitalisations en réanimation.

 

La réanimation n'a pas le monopole de la souffrance

"La santé est un état de complet bien être physique, mental et social et ne se résume pas à l'absence de maladies ou à l'absence d'infirmité", récite-t-elle, en rappelant la définition de "bonne santé" décrite par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). "Donc, on ne peut pas réduire la santé aux seuls indicateurs Covid ou à la seule absence de Covid. (...) La réanimation n'a pas le monopole de la souffrance."

Une question d'équilibre

Et la gestion de crise par les fermetures d'école et les confinements à répétition contribue, pour Alice Desbiolles, à la souffrance d'une "grande partie de la population" et à l'aggravation de la pauvreté et de la précarité en France. "C'est cela aussi qui devrait, du côté des indicateurs Covid, être pris en compte et être mis dans la balance. C'est juste une question d'équilibre."