De plus en plus de voix s'élèvent pour demander un assouplissement du pass sanitaire. 4:27
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Antoine Terrel
Alors que de nombreuses voix s'élèvent pour demander un assouplissement du pass sanitaire, voire sa suppression, l'épidémiologiste Antoine Flahault estime qu'il ne faut pas aller "trop vite", et au moins "garder la possibilité de réinstaurer le pass" dans le cas d'un rebond épidémique. 
INTERVIEW

Quel avenir pour le pass sanitaire ? Alors que la situation épidémique s'améliore jour après jour en France, Emmanuel Macron s'est dit prêt jeudi à "lever certaines contraintes" dans les "territoires où le virus circule moins vite", sans toutefois donner d'échéancier. De son côté, dimanche, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a évoqué une "réflexion" pour "adapter les règles" à "la situation locale et à l'évolution de la situation locale". Un Conseil de défense doit se tenir mercredi. Mais faut-il pour autant renoncer au pass sanitaire ? C'est en tout cas que ce réclament certains élus locaux dans certains départements ou régions où le taux d'incidence est particulièrement bas. Sur Europe 1, l'épidémiologiste Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale de Genève, n'est pas pas opposé à l'assouplissement de certaines mesures dans les régions les moins touchées, mais insiste sur le bon impact du pass sanitaire. 

"Au niveau européen, c'est ce qu'il se passe", fait-il remarquer, interrogé sur un potentiel assouplissement du pass sanitaire. Par exemple, le Danemark, "qui est un pays qui a la taille d'une région française de 5,5 million d'habitants, a abandonné le 'Coronapass', qui est l'équivalent du pass sanitaire des Français". Le Danemark "l'avait mis en œuvre à partir d'avril dernier, mais il l'a abandonné début septembre. Au Danemark, il n'y a plus de masques, plus d'usage du pass sanitaire, et le pays est dans une situation épidémiologique comparable à celle de la Corrèze", dit encore le spécialiste. 

"Le pass sanitaire a permis de stimuler la couverture vaccinale des Français"

Toutefois, interrogé sur une suppression pure et simple du pass sanitaire, Antoine Flahault estime qu'"il ne faut pas aller trop vite". "Toutes les régions ne sont pas dans la situation épidémiologique" des régions où le virus circule très peu, indique-t-il. Par ailleurs, rappelle le chercheur, "l'usage étendu du pass sanitaire a permis de stimuler la couverture vaccinale des Français. Mais au-delà de cela, il a représenté une forme de confinement des personnes non-vaccinées, non-testées, qui se voyaient fermer toute la vie culturelle, les bars et les restaurants, la vie sportive et les transports publics."

Finalement, dit encore Antoine Flahault, "cet usage étendu du pass sanitaire sanitaire a une efficacité très voisine de celle du confinement, sans en avoir les conséquences sociales et économiques". Aussi, "se garder la possibilité de réinstaurer le pass sanitaire au cas où il y aurait un rebond épidémique que personne ne peut prévoir aujourd'hui, c'est quelque chose qui me paraît très important. D'où, je crois, le travail législatif en ce moment".