Coronavirus : les questions qui se posent après le décès d'un patient en France

La ministre de la Santé Agnès Buzyn a officialisé le premier décès lié à la maladie hors d'Europe, samedi (photo d'archives).
La ministre de la Santé Agnès Buzyn a officialisé le premier décès lié à la maladie hors d'Europe, samedi (photo d'archives). © ludovic MARIN / AFP
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avec AFP , modifié à
Un touriste chinois de 80 ans, hospitalisé en France depuis quelques semaines, est décédé des suites du coronavirus, a annoncé samedi la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Il s'agit du premier mort hors du continent asiatique. Six patients sur les onze cas confirmés en France restent hospitalisés. 

C'est le premier mort du nouveau coronavirus annoncé hors d'Asie : un touriste chinois de 80 ans, hospitalisé en France depuis plusieurs semaines, est mort, a annoncé la ministre de la Santé Agnès Buzyn, samedi. Seuls trois morts avaient été jusqu'ici recensés hors de Chine continentale : aux Philippines, à Hong Kong et au Japon. Europe 1 fait le point sur les questions que soulève cette nouvelle étape de l'épidémie. 

Que sait-on du patient décédé ?

"J'ai été informée hier soir" de ce décès, a précisé Agnès Buzyn. L'état de ce patient, hospitalisé à l'hôpital Bichat à Paris, "s'était rapidement dégradé et il était depuis plusieurs jours dans un état critique". Arrivé en France le 23 janvier, cet homme originaire de la province de Hubei avait dans un premier temps consulté les urgences de l'hôpital européen Georges Pompidou le samedi 25 janvier mais n'avait pas été repéré comme un cas suspect car il ne correspondait pas aux critères.

Il avait de la fièvre mais ni toux ni signe respiratoire et ne venait pas de Wuhan, épicentre de l'épidémie, mais d'une ville à 400 km au nord. Il a ensuite développé des problèmes respiratoires qui ont motivé un changement de son classement et le test s'est révélé positif le 28 janvier.

Le professeur Yazdan Yazdanpanah, infectiologue à l’hôpital Bichat et directeur de l'institut de l’infectiologie à l’INSERM, explique que le décès de ce patient n'est pas une surprise. "Quand il est arrivé en réanimation, intubé et ventilé, on savait qu'à cet âge-là, avec ces antécédents-là, il avait environ 70 % de chance de mourir".  Il se veut également rassurant pour les autres patients : "Nous ne sommes pas plus inquiets qu'hier ou qu'il y a une semaine, car c'est quelque chose qui, malheureusement, était attendu."

Combien d'autres personnes sont malades en France ? 

Six personnes restent hospitalisées mais leur "état n'inspire pas d'inquiétude", selon Agnès Buzyn. La fille du patient décédé, une femme chinoise de 50 ans dont la contamination avait été annoncée le 29 janvier "devrait pouvoir sortir prochainement" de Bichat, a annoncé la ministre. On ne sait pas si elle était arrivée en France déjà malade ou si le virus lui a été transmis par son père sur le sol français.

Les derniers cas en date, annoncés le 8 février, sont cinq Britanniques - quatre adultes et un enfant de 9 ans - hospitalisés à Lyon pour deux d'entre eux et Grenoble pour les trois autres. Ils ont été contaminés par le même homme: un compatriote de retour de Singapour, qu'ils avaient côtoyé dans un chalet des Contamines-Montjoie, en Haute-Savoie, où il avait séjourné quelques jours fin janvier. Une autre personne infectée dans le chalet par ce même homme a ensuite été hospitalisée sur l'île espagnole de Majorque. Après son séjour en France, le Britannique à l'origine des autres cas était retourné au Royaume-Uni, où il est lié à au moins cinq autres cas de coronavirus.

En Haute-Savoie, 61 tests ont été réalisés pour s'assurer que d'autres personnes n'avaient pas été contaminées. Tous se sont avérés négatifs.

Que faire en cas de symptômes ? 

Dès le début de l'épidémie, le ministère a édicté plusieurs règles à respecter pour éviter la propagation de l'épidémie. En cas de symptômes (toux, fièvre, difficultés respiratoires), il est recommandé d'appeler le 15. Au bout du fil, les médecins tentent alors d'établir un diagnostic précis - les symptômes pouvant également être ceux de la grippe. "La consigne c'est d'éviter la propagation" d'un virus "qui se transmet par voie aérienne", expliquait sur Europe 1 Serge Smadja, secrétaire général de SOS Médecins

Vigilance particulière, évidement, pour les personnes qui se sont rendues en Chine ou ont côtoyé des personnes de retour de voyage en Asie. 

Guérit-on du virus ? 

Oui. Quatre patients contaminés par le nouveau coronavirus sont guéris et ont pu quitter les hôpitaux où ils étaient pris en charge en isolement. Il s'agit d'abord d'un couple de chinois, qui avaient fait partie des premiers cas annoncés le 24 janvier, sortis de l'hôpital Bichat mercredi. L'homme de 31 ans et la femme de 30 ans originaires de Wuhan étaient arrivés en France le 18 janvier.

Jeudi, un patient de 48 ans a pu sortir à son tour après 22 jours d'hospitalisation à Bordeaux. Ce homme originaire de Chine, rentré en France le 22 janvier en provenance de Chine, était notamment passé par Wuhan. Il avait été hospitalisé le lendemain après s'être présenté à SOS-Médecins avec toux et fièvre. La confirmation de sa contamination avait été annoncée le 24 janvier. L'équipe médicale a annoncé vendredi que ce patient avait été traité avec du remdesivir, un antiviral "prometteur".

Un médecin hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, est aussi sorti vendredi, selon Agnès Buzyn. Ce premier cas avéré de transmission sur le sol français avait été annoncé le 30 janvier: il s'agit d'un médecin libéral qui a été contaminé par un patient chinois, parti ensuite pour Taïwan où il a déclaré la maladie. Les critères de sortie des patients guéris répondent à un "protocole extrêmement sûr" qui fait l'objet d'un "consensus international": les symptômes (fièvre, toux...) doivent avoir disparu et "on exige deux tests négatifs" dans un intervalle de 24 heures pour s'assurer qu'ils ne sont plus contagieux, a décrit cette semaine le directeur général de la Santé Jérôme Salomon.