Comment expliquer la misophonie, la haine des bruits ressentie par certaines personnes ?

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Jimmy Mohamed
Dans sa chronique du jour dans la matinale d'Europe 1, vendredi, Jimmy Mohamed se penche sur les sons. Mais pas n'importe lesquels : ceux qui irritent profondément certaines personnes, qu'on qualifie alors de misophones. Un Français sur six souffrirait en effet de cette pathologie. Explications.

Cela va de certains bruits avec la bouche, comme par exemple le mâchonnement d'un chewing-gum, une respiration trop bruyante, le clic du stylo, en passant par le tapotement des doigts sur un clavier. Des sons anodins pour beaucoup, mais extrêmement irritants pour certaines personnes, qui souffrent de misophonie, une pathologie aux contours flous mais qui intéresse les chercheurs. Sur Europe 1, vendredi matin, le docteur Jimmy Mohamed se penche sur cette haine pas si rare des bruits émis par les autres.

"C'est une phobie assez peu connue, mais assez répandue. Cela correspond à l'aversion ou la détestation de certains sons produits par une autre personne. Ces bruits, complètement anodins pour le commun des mortels, vont être perçus comme insupportables par le misophone, c'est-à-dire celui qui souffre de misophonie. Ce trouble assez mal connu toucherait environ un Français sur six, alors que l'ASMR explose."

Est-ce vraiment une phobie ?

"La misophonie veut littéralement dire 'la haine du son'. Les patients misophones vont donc d'abord ressentir une irritabilité importante avec un sentiment de dégoût, qui va rapidement se transformer en sentiment de colère.

Ils vont aussi avoir l'impression de perdre le contrôle et vont mettre en place des stratégies d'évitement claires. Plutôt que d'entendre les bruits de bouche d'un conjoint, le misophone va s'exclure du repas et aller manger ailleurs, souvent devant la télévision, pour que le bruit de la télé couvre celui de la mastication. D'autres vont mettre des boules Quiès, écouter de la musique ou même se parler à eux-mêmes pour se détendre."

Comment l'expliquer ?

Il y aurait certainement un conditionnement initial, c'est-à-dire que la personne qui ne va pas supporter ce bruit de bouche va associer ce bruit à des émotions négatives depuis son enfance, puis son adolescence. Chaque bruit de bouche fera resurgir cette association. Ce phénomène de conditionnement va créer du stress et de l'hyper-attention. Plus vous êtes focalisé sur un bruit, plus vous allez en avoir peur et être agacé.

On s'est également aperçu, récemment, que le cerveau des misophones était légèrement différent des autres, avec une sur-activation de certaines zones. Mais paradoxalement, pas forcément celles liées aux sons. Quoi qu'il en soit, même si tout n'est pas encore bien élucidé, la souffrance est réelle. Il est possible d'être aidé, car des thérapies existent."