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Laetitia Drevet
Alors qu'ils commencent tout juste à parler, de nombreux enfants peinent à former leurs mots, cofondent les syllabes, zozotent ou bégaient. Dans quels cas ces troubles du langage doivent pousser les parents à consulter un spécialiste ? Marie Tabaud-Deboth a fait le point mercredi au micro d'Europe 1. 
INTERVIEW

Face à un tout-petit qui zozote, bégaie, confond un "b" avec "d", faut-il toujours s'inquiéter ? Dès leurs premières paroles, certains jeunes enfants cherchent leurs mots, peinent à former leurs phrases, n'arrivent à prononcer certains sons. Pour les troubles légers, il peut suffire de quelques séances chez un orthophonistes pour en venir à bout, mais d'autres nécessitent plusieurs années de suivi. Invitée mercredi de Sans Rendez-vous sur Europe 1, l'orthophoniste Marie Tabaud-Deboth fait le point sur les signaux d'alerte. 

Le retard d'apprentissage 

"En fonction de l'âge, on peut prendre différents points de repères", explique Marie Tabaud-Deboth. Dès ses 12 mois, un bébé trouve ses premiers mots. S'il ne prononce aucune syllabe autour de cet âge-là, il faut commencer à surveiller, recommande l'orthophoniste. A deux ans, l'enfant est censé faire des associations de mots. "'Papa manger', 'maman partie', ce genre de chose. S'il n'y en y a pas, on surveille." L'absence de phrases chez un enfant de 3 ans doit enfin alerter les parents. S'il ne souffre d'aucune pathologie particulière, un orthophoniste peut intervenir dès ses 2 ans et demi. 

Par la suite, il est fréquent que les signalements viennent des enseignants. "Les professeurs des écoles conseillent souvent aux parents d’aller consulter. Ils voient les enfants toute la journée et ont toutes les compétences pour détecter ce genre de troubles."

Le bégaiement 

Comment faire la différence entre un enfant pressé de raconter sa journée ou d'utiliser tous les nouveaux mots qu'il connait et un enfant qui souffre de bégaiement ? "Beaucoup d'enfants ont en quelques sorte une 'explosion lexicale', lors de laquelle leur bouche va plus vite que leur pensée. Le bégaiement, lui, est caractérisé par une tension excessive. Il va y avoir des répétitions, des sauts de syllabes. On a la sensation que les mots veulent passer en force." 

En cas de doute, un rendez-vous chez l'orthophoniste s'impose. Il posera son diagnostic grâce à des entretiens avec les parents et avec l'enfant ainsi que des tests normés, qui situeront son niveau et ses capacités. "Cela va nous permettre de savoir si son cas relève ou non de l'orthophonie. Si le trouble est avéré, son traitement dure entre 6 et 12 mois en moyenne, à raison de séances de 30 minutes par semaine. "Le mieux est toujours d'intervenir avant ses 6 ans, car son cerveau est encore très plastique." 

Le zozotement 

"Un enfant doit savoir prononcer tous les sons de sa langue à 6 ans", explique Marie Tabaud-Deboth. On parle de troubles de l'articulation lorsque les erreurs de l'enfant sont systématiques et durables, sur un son (le "ch" par exemple) ou plusieurs. "La plupart du temps, cela vient d'une difficulté à placer correctement sa langue. Les parents ont beau corriger, cela persiste donc. Il vaut mieux consulter."

Chez les jeunes enfants, un zozotement peut disparaitre en quelques semaines seulement. "Même plus tard vers 10 ans, si l'enfant est motivé ou en est gêné, cela vient très rapidement", assure l'orthophoniste. 

Les troubles de l'écriture 

Les troubles de l'écriture sont le plus souvent diagnostiqués pendant l'année de CP ou au début du CE1. "On parle de dyslexie lorsque l'on fait face à des troubles sévères, qui persistent pendant plus de six mois malgré l'intervention d'un orthophoniste et les aménagements à l'école. A l'inverse, confondre un 'b' avec un 'd' en CP n'a rien d'inquiétant."

L'un des principaux critères est celui de la vitesse : les enfants dyslexiques "lisent très lentement", souligne Marie Tabaud-Deboth. Certains enfants inversent aussi les syllabes ou omettent certains sons. La dyslexie ne se guérit pas, les enfants atteints le seront toujours à l'âge adulte. Mais de nombreuses aides existent aujourd'hui pour atténuer ce trouble et permettent aux enfants de suivre une scolarité tout à fait normale. "On suit les enfants au long court, on intervient par période. On fait des séances pendant 6 mois, puis on fait un an pause et on se revoit sur 6 mois, par exemple." L'école peut mettre en place des aides précieuses pour aider ces élèves, comme des documents écrits en plus gros caractères et dans les cas les plus difficiles, l'accueil d'AVS.