"Aujourd’hui, on a de moins en moins peur" du sida, estime le directeur du Sidaction

© YASUYOSHI CHIBA / AFP
  • Copié
Wendy Bouchard avec C.C. , modifié à
"Il y a beaucoup moins de moyens qu’à l’époque", pour sensibiliser les jeunes à l'école, regrette François Dupré.  
INTERVIEW

Le directeur général du Sidaction était l'invité d'Europe 1 samedi matin. "Fondamentalement, nous sommes confrontés à une banalisation de la maladie", a-t-il déploré.

Un sentiment d'invincibilité trompeur. Un sentiment d'invincibilité se développe dans la jeunesse : un quart des 15-24 ans déclarent ne pas avoir peur du sida. "C’est terrible sachant que l’an dernier, c’était 15% qui pensaient ça", observe François Dupré. "Aujourd’hui, on parle moins et on a de moins en moins peur (du sida). De là, arrive un relâchement des comportements, une absence de prévention avec une épidémie qui reste très active en France", rappelle-t-il cependant. Comment expliquer ce manque d'informations ? "Il y a beaucoup moins de moyens qu’à l’époque" pour sensibiliser les jeunes à l'école, moins de porte-paroles emblématiques également", constate le patron de Sidaction. 

"Il y a eu un message trop positif". "Les traitement ont beaucoup avancé et la recherche a beaucoup progressé", reconnaît François Dupré. Et justement, à ce sujet, il "pense qu'il y a eu un message trop positif", trop optimiste, qui a peut-être provoqué un "relâchement des comportements". En effet, seulement 45% des jeunes ayant eu un rapport sexuel non protégé ont effectué un test de dépistage du VIH (contre 55% l'an passé). "Aujourd’hui, vivre avec le VIH sur un plan médical, ça reste complexe", rappelle le directeur du Sidaction. "Les personnes infectées par le virus sont soumises à une forme de solitude, d’isolement, et c’est pour ça que le soutien que nous apportons à des associations qui sont en permanence en contact avec les personnes séropositives est tellement important".