Les dangers liés à certaines substances peuvent être évoquer dès l'enfance. 2:54
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Romain David
Comment parler des dangers liés à la consommation d'alcool, au tabagisme et aux substances illicites avec son adolescent sans le braquer ? Quelle attitude adopter pour ne pas risquer de rompre le dialogue si je découvre qu'il se drogue ? Au micro d'Europe 1, le psychiatre Laurent Karila évoque la prévention des habitudes à risques chez les plus jeunes.
DÉCRYPTAGE

L’adolescence est généralement une période où l’on s’éprouve, à travers de nombreuses expériences, souvent perçues comme autant de marqueurs du passage vers l’âge adulte. À cette époque de la vie, on peut être tenté d’essayer des substances dangereuses, sans mesurer les risques que l’on encourt. D’autant que ces dernières années la consommation d’alcool et de drogue, notamment de cannabis, s’est largement démocratisée chez les jeunes générations.

"Il n’y a plus cette distinction de classe qu’il pouvait y avoir autrefois, quel que soit le produit. C’est un phénomène de masse désormais. La France, par exemple, est l’un des premiers pays européens à consommer du cannabis", relève ainsi Laurent Karila, psychiatre à l’hôpital Paul Brousse de Villejuif. Invité de Sans Rendez-vous, l’émission santé d’Europe 1, ce spécialiste nous explique comment alerter son ado sur les dangers liés à l’alcool et aux substances illicites, et surtout comment réagir si l’on découvre qu’il est consommateur.

À partir de quel âge puis-je parler à mon enfant des risques liés à la drogue et à l’alcool ?

"Il faut parler très précocement des choses. […] Les parents doivent discuter avec leurs enfants, avant même qu’ils ne soient des adolescents. La société américaine de pédiatrie estime qu’il faut parler d’alcool aux enfants vers 8-9 ans. […] Il s’agit de préparer les choses, avec des messages adaptés à l’âge. Par exemple, sous la forme d’un conseil de famille décontracté, où l’on parlera de tout et de rien avant d’évoquer certaines substances. […]

Puis-je utiliser les photos chocs que l’on trouve sur les paquets de cigarettes, par exemple ? 

Les enfants et les adolescents n’intègrent pas ces messages-là. Ils se disent qu’ils ne feront pas un cancer du poumon à 14 ans, et ils ont raison. Il vaut mieux se concentrer sur les effets que cela peut avoir à court terme, comme la possibilité d’avoir un accident sur la voie public, ou oublier de se protéger pendant un rapport sexuel.

Quels signes extérieurs peuvent me laisser penser que mon enfant fume du cannabis ?

On ne le voit pas tout de suite. Cela s’observe lorsque la consommation devient régulière et répétée, avec des changements de comportement à la maison et en classe, des odeurs sur les habits et des yeux rougies. Ces différents éléments peuvent évoquer une consommation de cannabis.

Malgré mes soupçons et mes interrogations, il continue de nier. Faut-il aller à la pêche aux preuves ?

Imposer un test urinaire, comme le font certains parents, n’a aucun intérêt. Il faut essayer de désamorcer la situation en douceur. Si cela s’avère trop complexe, il vaut mieux faire appel à un tiers professionnel.

Mon enfant m’a avoué avoir consommé de la drogue, que dois-je faire ?

Le mot clef de toutes les situations c’est : ne pas rompre le dialogue intra-familial ! Il ne faut pas se mettre en position de résistance, mais en discuter, débriefer la situation. […] Parler de ses propres expériences de consommation, dire la vérité, cela permettra également de renforcer la confiance du lien avec son enfant."