Sénat 1:56
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Claudia Bertram, éditée par Manon Fossat
Le Sénat a largement rejeté mercredi en commission un texte déposé par l'exécutif sur l'organisation du scrutin présidentiel, permettant le vote par anticipation en 2022. Et au-delà de ce qu'il prévoit, c'est surtout la méthode employée par le gouvernement qui n'a pas plu à l'opposition. Celle-ci crie à la manœuvre. 

Les sénateurs ont rejeté très largement, mercredi en commission, un amendement surprise et vivement contesté du gouvernement, destiné à permettre le vote par anticipation pour l'élection présidentielle de 2022. Il prévoit entre autres l'installation de machines à voter, ouvertes dans certains bureaux une semaine avant l'élection. Une première en France, où l'on vote traditionnellement dans un isoloir le dimanche, et non pas avant ni après. De quoi excéder la Commission des lois et particulièrement la droite sénatoriale, pour qui le compte n'y est pas dans ce texte, ni sur le fond ni sur la forme.

Une "volonté de passer en force"

Le sénateur LR Phillipe Bas a ainsi déploré au micro d'Europe 1 la méthode employée par le gouvernement. "Pour faire la loi, il ne faut pas improviser sur un sujet qui engage la démocratie, d'autant que l'élection présidentielle est la mère de toutes les élections. Sans concertation avec les autres partis politiques et sans avis du Conseil d'Etat, cet amendement du gouvernement est déjà dans la forme une sorte de volonté de passer en force", a-t-il jugé. 

Du côté du PS en revanche, on se montre plutôt favorable à l'idée, comme l'explique le sénateur Eric Kerrouche. "Sur la forme, c'est inacceptable, et c'est dommageable parce qu'en tant que socialistes, nous sommes pour le vote par anticipation. C'est un principe qui a montré sa force dans d'autres pays". Mais on regrette aussi la manière dont Emmanuel Macron a voulu faire passer ce texte. "Il a utilisé une mauvaise méthode qui met peut-être en péril une bonne idée."

Débattu jeudi en séance publique

Même dans les rangs de la majorité, la pilule ne passe pas. Pour le sénateur LREM du Val-d'Oise, Alain Richard, cet amendement a été introduit de façon trop improvisée et il réclame à l'exécutif de modifier la procédure législative.

Car ce texte, adopté par l'Assemblée nationale en première lecture en janvier, doit encore être débattu jeudi dans l'hémicycle au Sénat en séance publique. Mais s'il est rejeté, son parcours législatif devrait déjà prendre fin, une commission mixte paritaire étant impossible dans le cadre d'une procédure d'examen accélérée.