Olivia Grégoire sur Europe 1 1:37
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Anaïs Huet , modifié à
Perçue comme "une erreur stratégique" par l'opposition, la privatisation des Aéroports de Paris reste la meilleure option, selon Olivia Grégoire, présidente de la commission spéciale Pacte.
INTERVIEW

La privatisation du groupe Aéroports de Paris (ADP), inscrite dans la loi Pacte adoptée définitivement au Parlement jeudi 11 avril, suscite une opposition farouche. Samedi matin, Olivia Grégoire, présidente de la commission spéciale Pacte et députée de Paris, est venue défendre chez Bernard Poirette la session d'actifs de ce que beaucoup nomment "la poule aux œufs d'or". 

Des dividendes élevés mais jamais garantis

"La poule aux œufs d'or a des couvées assez capricieuses", a ironisé Olivia Grégoire sur Europe 1. "Les dividendes (173 millions d'euros l'an dernier), ça demeure, jusqu'à preuve du contraire, inférieur à 250 millions d'euros, qui est le rendement garanti que nous allons avoir grâce au placement des sessions d'actifs que nous allons faire", défend-elle. Et d'ajouter : "Les dividendes sont certes élevés, mais ne sont jamais garantis. Pendant les dix dernières années, les dividendes ont évolué de façon extrêmement importante, parfois de 15 à 20% de chute, notamment lors des grandes crises ou des crises systémiques. En 2008-2009, avec la crise économique, on est passé de 110 millions à 82 millions d'euros en un an pour les dividendes. En 2015, au moment des attentats, les dividendes ont à nouveau chuté d'environ 15%", argumente l'élu LREM.

Une session d'actifs pour assurer la compétitivité d'ADP

Dès, pour la parlementaire, nul doute que cette décision de privatiser ADP est celle qui s'impose. "Je pense qu'il vaut mieux un financement pérenne et garanti, qu'un financement instable", soutient-elle. Olivia Grégoire considère surtout que les Aéroports de Paris doit désormais entrer dans la cour des grands. "C'est justement parce qu'on croit en ADP qu'on veut en faire un géant mondial. Cessons de croire qu'on est franco-français dans notre petit univers", exhorte la présidente de la commission Pacte.

Pour qu'ADP reste compétitif et meilleur en qualité d'accueil, il faudrait, rappelle l'élue, "rénover le terminal 4" notamment, ce qui coûterait des "milliards d'euros". "Ces milliards d'euros, l'État ne les a pas. Il faut donc faire rentrer des actionnaires pour que nous puissions financer des investissements."

Le RIP, "un tour de passe-passe"

Quelque 250 parlementaires (de LFI à LR, avec le soutien du RN) opposés à la privatisation d'ADP ont déclenché une procédure du référendum d'initiative partagée (RIP). Si Olivia Grégoire assure être "favorable à tous les dispositifs qui permettent de renforcer la participation du peuple aux décisions de l'Etat", elle précise toutefois ne pas être dupe quant aux intentions des députés d'opposition. "Je ne suis pas née de la dernière pluie. Voir le RIP dégainé à 48 heures du vote définitif de la loi, ça s'appelle un tour de passe-passe et une très belle opération de communication." 

Le Conseil constitutionnel dispose d'un mois pour statuer sur la conformité de la demande de RIP et sur les recours contre la loi Pacte.