Valérie Pécresse veut «prendre le pouvoir» sur les transports en Île-de-France

Valérie Pécresse
Valérie Pécresse regrette une "politique des mobilités au niveau national". © Sipa
  • Copié
Europe 1 avec AFP
Valérie Pécresse a fait part de sa volonté de "prendre le pouvoir" sur les transports en Île-de-France, dans une interview accordée au média Mobilettre. La présidente de la région IDF a assuré faire des transports une priorité, évoquant notamment l'ouverture à la concurrence.

La présidente d'Ile-de-France Mobilités Valérie Pécresse veut "prendre le pouvoir en matière de transport" dans la région, explique-t-elle dans un entretien à la lettre spécialisée Mobilettre, s'en prenant aux pratiques monopolistiques de SNCF Réseau et de la RATP.

"Il faut faire des transports une priorité", juge l'ancienne candidate LR à la présidentielle, également présidente du conseil régional. "Je n'arrive pas à comprendre qu'on n'ait pas une politique des mobilités au niveau national. L'absence d'un ministre à temps plein des transports est un mauvais indice", tacle-t-elle. "Un président au niveau national devrait faire un plan massif pour les infrastructures, tout particulièrement pour les infrastructures ferroviaires, de la grande vitesse aux dessertes de proximité", juge l'élue, réclamant une réforme de la gestion des routes et de SNCF Réseau. 

Cette branche de la SNCF est selon elle "un gestionnaire d'infrastructures monopolistique qui est noyé sous la masse des travaux à effectuer, qui n'a plus les ressources humaines ni les moyens nécessaires, qui est quasi systématiquement en retard et en dépassement de budget".

Plus généralement, Valérie Pécresse regrette "une absence de réflexion globale sur les transports". "La protection des monopoles publics est incroyable", fustige-t-elle, interpellant la Première ministre Élisabeth Borne, qui fut ministre des Transports et PDG de la RATP.

Une volonté d'"accélérer" l'ouverture à la concurrence

Dans son fief d'Ile-de-France, elle se dit "prête prendre le pouvoir en matière de transports car personne ne le fait". "Mon principal problème, c'est le non-respect des contrats signés", souligne-t-elle, demandant "des pénalités", tant pour les opérateurs - SNCF et RATP, surtout - que pour les fournisseurs de matériel roulant - Alstom, notamment - en cas de défaillance ou de retard de livraison.

"La mise en concurrence doit être triplement gagnante, en qualité de service, en prix et en conditions sociales", soutient Valérie Pécresse, alors que les syndicats craignent de voir leurs conditions de travail se dégrader.

Elle veut même "accélérer" l'ouverture à la concurrence, mais réclame qu'Ile-de-France Mobilités récupère la gestion des infrastructures des lignes ouvertes à d'autres opérateurs (laquelle doit en particulier aller à la RATP pour le métro, y compris les nouvelles lignes du Grand Paris Express).

La responsable attaque d'ailleurs la RATP qui garde des pratiques monopolistiques en Ile-de-France "tout en cherchant des bénéfices pour investir à l'étranger et distribuer des dividendes à l'État". "En réalité, les marges exigées par la RATP, ce sont des surcoûts du pass Navigo! (l'abonnement en Ile-de-France, ndlr)", lance-t-elle, jugeant que "si c'est un monopole public, alors il ferait mieux d'être géré par IDFM". "A ce stade je ne veux pas du tout augmenter les tarifs du pass Navigo", note encore Valérie Pécresse, reconnaissant que sa position est "intenable dans la durée" à cause de l'inflation.

Elle réclame une aide de l'État : "L'option que nous avons proposée au gouvernement, c'est de passer la TVA de 10% à 5,5%, ce qui nous permettrait de geler les prix et d'absorber l'inflation sans baisse de ressources." "Pour l'instant, nous n'avons pas de réponse", constate-t-elle.