Une police municipale armée de matraques à Paris ? "C'est admettre, d'une certaine manière, que l'Etat ne fait pas son job", déplore Ian Brossat

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Invité samedi matin d'Europe 1, l'élu communiste à la mairie de Paris déplore : "Créer une police municipale, c'est admettre, d'une certaine manière que l'Etat ne fait pas son job". 
INTERVIEW

La maire de Paris Anne Hidalgo a décidé de créer une police municipale en 2020 munie de matraques de "Tonfa", une arme "non létale" mais considérée comme dangereuse, pour "lutter contre les infractions du quotidien", a-t-on appris vendredi auprès de la mairie. Une décision loin de faire l'unanimité au sein de la majorité de gauche parisienne. Pour Ian Brossat, maire-adjoint auprès d'Anne Hidalgo chargé du logement, invité samedi matin d'Europe 1, "c'est un sujet compliqué".

"C'est toujours un échec". "La sécurité est un enjeu important. Mais en même temps, une police municipale, c'est toujours un échec. Car cela signifie que l'Etat n'assume pas ses responsabilités", détaille l'élu communiste au micro de Bernard Poirette. "La sécurité c'est une mission régalienne, et c'est à l'Etat de l'assumer. Créer une police municipale, c'est admettre, d'une certaine manière, que l'Etat ne fait pas son job. Moi ce que je souhaite surtout, c'est que cela ne se traduise pas par un désengagement de l'Etat. Les débats vont se poursuivre pour, je l'espère, arriver à un accord", développe-t-il. Cette décision peut-elle valoir une scission entre les communistes et la maire de Paris ? "Il va falloir discuter avec elle. Mais moi, je préfère toujours la gauche à la droite", répond l'élu PCF.

LBD : "Je crois que les caméras ne règlent rien". Concernant la sécurité nationale, Ian Brossat a réitéré samedi son opposition à l'utilisation par les forces de l'ordre de lanceurs de balles de défense (LBD) et ce malgré l'arrivée, à partir de ce samedi, de caméras-piétons pour surveiller leurs utilisateurs. "Je crois que ces caméras ne règlent rien. Depuis le début du mouvement des 'gilets jaunes', 15 personnes ont été éborgnées [à cause de ces armes]. Moi, je suis contre toutes les violences mais on ne peut pas accepter cela. Moi je suis pour l'interdiction de ces LBD. Je regrette que le ministère de l'Intérieur balaye ça d'un revers de main".

L'élu communiste soutient par ailleurs la constitution d'une liste "gilets jaunes" pour les élections européennes. "C'est la démocratie, je leur dis 'welcome'. On aura un vrai débat, j'attends leurs propositions. Mais on ne peut pas d'un côté soutenir le mouvement des 'gilets jaunes' et déplorer le fait qu'il y ait une liste aux élections européennes". Alors que le parti communiste doit présenter ce samedi sa liste de candidats aux européennes, Ian Brossat confirme qu'elle contiendra des "gilets jaunes". "Il y en aura. Beaucoup de gens qui seront sur notre liste étaient sur les ronds-points", assure-t-il.