Emmanuel Macron envisage de supprimer l'ENA. 1:21
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Hélène Terzian, édité par Jonathan Grelier , modifié à
Emmanuel Macron a confirmé jeudi son intention de supprimer l'École nationale d'administration qui sera remplacée par un Institut du service public (ISP). Pour le député Les Républicains Julien Aubert, ancien camarade de promotion du Président dans cette école, cette décision est "démagogique" à plus d'un titre. Jean-Luc Mélenchon parle, lui, de "guignolade".

Le président de la République, Emmanuel Macron, a détaillé jeudi devant des hauts fonctionnaires son plan pour réformer la haute fonction publique qui comprend notamment la suppression de l'École nationale d'administration (ENA). Celle-ci va être remplacée par l'Institut du service public (ISP), au plus tôt en 2022, afin d'ouvrir les portes de la haute fonction publique d'État à de nouveaux candidats. "Démagogique" à plus d'un titre, tempête le député Les Républicains Julien Aubert au micro d'Europe 1, jeudi. "C'est de la guignolade pour amuser l'opinion publique", surenchérit également le chef de file de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon.

L'ENA a fait "d'énormes efforts" pour s'ouvrir

"D'abord, c'est démagogique parce qu'on croit supprimer le problème en supprimant l'école. Mais comme on a besoin d'une école, on la recréera demain matin", pointe celui qui a été le camarade de promotion d'Emmanuel Macron dans cette école à partir de 2004.

"Démagogique", cette décision l'est aussi, selon lui, car Emmanuel Macron, en étant issu de l'ENA, "est le mieux placé pour savoir que cette école a fait d'énormes efforts pour s'ouvrir". "Elle ne peut pas inventer ce qui n'existe pas", estime Julien Aubert. "Vous ne ferez pas rentrer des gens de milieux modestes s'ils n'arrivent pas à bac +5."

Le mauvais thème abordé ? 

Pour le député, "le problème se situe" de toute façon "bien avant, dès le bac, voire même dès le primaire". Il déplore également "qu'au moment où on discute de l'euthanasie, qui est une réforme anthropologique majeure", le chef de l'État n'ait "rien à dire, sinon de dire que lui veut la fin de vie… de l'ENA". Et Julien Aubert n'est pas le seul à dénoncer le timing de l'annonce. "Depuis quand ça devient un sujet de réformer l'Ecole nationale d'administration ?" s'interroge Jean-Luc Mélenchon sur Europe 1. Pour ce dernier, cette décision vise à "occuper" les Français "à des débats sur des questions qui n'ont pas lieu d'être".

"A l'heure à laquelle on parle, tout le monde se demande avec angoisse ce qu'on va devenir, que ce soit concernant le bazar avec l'Éducation nationale, le chaos de la vaccination ou les vagues de licenciements. Et c'est le moment que le chef de l'Etat trouve pour dire : 'On va jeter des pierres aux fonctionnaires !'", dénonce-t-il.

"Il faut changer ça, c'est clair"

Sur le fond, Jean-Luc Mélenchon ne semble toutefois pas en désaccord total sur un besoin de réformer la haute fonction publique. "Il faut changer ça, c'est clair", estime-t-il. "Il faut prendre d'abord les gens du rang, les gens du terrain, et leur permettre cette ascension jusqu'aux fonctions supérieures de l'Etat."

Julien Aubert regrette enfin qu'Emmanuel Macron rejette les dysfonctionnements de l'État sur la formation des dirigeants. "Je ne crois pas que lorsque Monsieur Salomon (le directeur général de la Santé, ndlr) a dérapé dans sa gestion médicale, on a accusé l'université de médecine", conclut-il.

Invité d'Europe Soir jeudi pour parler de son livre co-écrit avec l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, le député européen Renew Europe Gilles Boyer a de son côté indiqué ne pas vouloir tomber "dans une stigmatisation" des énarques. "C'est comme tout le monde (...) il y en a qui sont très bien et il y en a qui sont moyens", a déclaré celui qui est aussi administrateur de l'ENA sans pour autant être passé sur ses bancs.